Un athlète qui se prépare aux Jeux olympiques de Paris pour 2024 n’ingurgite pas la même quantité de nourriture que vous : il a besoin de plus d’énergie pour faire fonctionner la machine. C’est la même chose pour les véhicules : en principe, une petite citadine consomme moins de carburant qu’un gros 4x4. Cela signifie-t-il pour autant qu’un véhicule de petite taille rejette moins de gaz à effet de serre ?
C’est ce que nous allons tenter de comprendre dans cet article signé Ekwateur !
24 avril 2023
Lecture 4 mn
Vous avez certainement déjà vu passer à la télévision une publicité pour Nissan Qashqai. Il s’agit de l’un des premiers modèles de SUV commercialisés en France en 2007. Son lancement a révolutionné le marché de l’automobile.
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SUV est l’acronyme de Sport Utility Vehicle : il s’agit donc d’un véhicule utilitaire à caractère sportif. Il est reconnaissable par sa taille imposante, une carrosserie tout-terrain doublée d’une allure de berline haut de gamme. Toutefois, il est réservé à un usage quotidien.
Aujourd’hui, les SUV sont partout : dans nos Uber, nos centres-ville, nos garages. Ce sont les voitures pour particuliers les plus vendues en Europe (38% en 2019) et en France (38,16%), d’après les chiffres de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) et du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). (1)
A-t-on vraiment besoin d'un véhicule qui pèse 200 kg de plus qu’une voiture standard et mesure 25 cm de plus que celui de nos voisins pour aller chercher nos enfants à l’école ?
C’est en tou cas ce que pointent du doigt certaines associations écologistes comme WWF. Certains activistes en viennent même à crever les pneus de SUV dans les rues de Paris pour alerter sur le réchauffement climatique ! (2)
D’après WWF, “un véhicule plus lourd pollue plus, car il a besoin de plus de carburant pour déplacer sa masse. Un SUV consomme environ 15% de plus qu’une voiture standard.” (3) Et cela aurait un impact direct sur l’empreinte carbone.
En 2019, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a publié une étude sur les sources d’augmentations des émissions carbone dans le monde : les SUV seraient les deuxièmes contributeurs de l’augmentation de dioxyde de carbone au niveau planétaire depuis 2010 ! (1)
En cause, leur surpoids ainsi que des carrosseries moins aérodynamiques qui engendrent une surconsommation de carburant. Il faut toutefois noter que dans ce classement, ce sont surtout les SUV américains, encore plus imposants que les Européens, qui font grimper les chiffres du classement.
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Face à ce constat, on serait donc tentés d’en déduire que les véhicules plus compacts et légers seraient moins énergivores et donc moins polluants. La réponse n’est pas si simple ! Cela dépend de nombreux paramètres.
L’Ademe a développé un comparateur en ligne gratuit qui permet d’obtenir des informations très précises sur les véhicules neufs en vente en France : parmi les critères qui nous intéressent, on trouve la consommation d’énergie et les émissions polluantes.
En faisant une rapide comparaison entre une berline microcitadine (Toyota) et un monospace (Mercedes) fonctionnant tous deux à l’essence, on s’aperçoit qu’effectivement, le véhicule le plus volumineux et le plus lourd est aussi le plus énergivore et le plus émetteur de CO₂. (4)
Polluant | Plafond d’émission en g/km |
---|---|
Monoxyde de carbone (CO) | 1 g |
Hydrocarbures (HC) | 0,100 g |
Oxydes d’azote (NO2) | 0,060 g |
HC + NOx | HC – 0,10 g/km NOx – 0,06 g/km |
Particules | 0,005 g |
Hydrocarbures non méthaniques (HCNM) | 0,068 g |
Et pour les voitures électriques ? C’est le même principe d’après l’Ademe. En 2022, à l’occasion du Mondial de l’Automobile de Paris, l’Agence de la transition écologique a publié son Avis Voitures Électriques et Bornes de Recharge dans lequel elle explique :
“L’impact carbone d’un véhicule électrique augmente quasiment proportionnellement à son poids, lui-même fortement impacté par la capacité de stockage de sa batterie. Il convient donc de choisir une batterie juste adaptée à l’usage majoritaire du véhicule (par exemple, le domicile-travail quotidien), en sélectionnant un modèle de véhicule le plus petit et léger possible, qui saura offrir l’autonomie la plus élevée à partir de cette capacité de batterie.” (5)
Il n'y a pas que la taille qui compte 😉. Eh oui, on mesure l’empreinte carbone d’un véhicule tout au long de son cycle de vie : depuis sa fabrication en passant par son utilisation et sa fin de vie. Or, en fonction du modèle que vous achetez (ou louez, car il est encore possible de louer une voiture électrique à 100 euros par mois !), de nombreux facteurs peuvent faire varier la facture carbone.
Tout d’abord, si vous roulez avec un carburant d’origine fossile comme l’essence ou le diesel, vous générez de fait bien plus de gaz à effet de serre qu’une voiture à énergie renouvelable ou fonctionnant avec du biocarburant. À titre d'exemple, une voiture diesel émet 140 gCO2eq/km contre 0 lors de la phase d’utilisation d’une voiture roulant à l’électricité verte. (6)
Ensuite, le SUV qui vous fait de l'œil est-il made in France ? Malgré la délocalisation de nombreux modèles à l’étranger, certaines marques comme Peugeot, Citroën et Opel continuent de fabriquer sur le territoire. Par exemple, la troisième génération de la Peugeot 308 est maintenant produite à Mulhouse. (7) De quoi alléger leur dette carbone, car le transport des véhicules d’un pays à l’autre pour leur commercialisation est très fortement émetteur de CO₂.
Enfin, jetez un œil à l’étiquette énergie de la voiture. Celle-ci est disponible lors de la vente et vous informe sur le niveau d’émissions de gaz à effet de serre du véhicule par une note comprise entre A et G (A étant la meilleure note). Si vous achetez d’occasion, vous n’aurez peut-être pas accès à cette information.
La seconde main est une super initiative… sauf si votre titine crache ses poumons dans un nuage de fumée. D’autant que très bientôt, vous ne pourrez sûrement plus rouler avec votre tacot. Les zones ZFE-m (à faibles émissions mobilité) et les vignettes Crit’air sont là pour vous le rappeler : ces mesures interdisent aux véhicules fortement polluants de rouler dans certaines agglomérations afin d’améliorer la qualité de l’air.
Le débat n’est pas de savoir s’il faut un véhicule léger ou non. Demandez-vous plutôt quel est le véhicule le plus adapté à vos usages ! Dans tous les cas, sachez que l’État a aussi mis en place des aides financières comme le bonus écologique pour inciter les consommateurs à investir dans la mobilité électrique et faire leur transition énergétique ! 🌿