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La fin du bouclier tarifaire
La fin du bouclier tarifaire

Fin progressive du bouclier tarifaire électricité en 2024 : ce qu'il faut savoir

Le bouclier tarifaire, qui a participé à protéger les Français-e-s de la hausse des prix de l’énergie tout au long de ces dernières années, vit ses derniers instants. Il faudra d’ici peu lui dire adieu. Une disparition imminente qui a d’ores et déjà été amorcée. En témoigne la hausse du prix des tarifs réglementés de l’électricité en février dernier, de l’ordre de 8,6 à 9,8 %. Alors, pourquoi cette fin progressive du bouclier tarifaire ? Anatomie d’une disparition…


Le bouclier tarifaire : retour sur une saga riche en rebondissements

Reprise économique et déclin nucléaire

Pour bien comprendre pour quelle raison le bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité est en passe de disparaître, attardons-nous un instant sur les raisons de son apparition. Eh oui, c’est souvent dans les prémisses d’une histoire que l’on découvre où ç'a bien pu clocher. 


On vous plante le décor : nous sommes à l’automne 2021, Save Your Tears de The Weeknd prend la tête des charts et surtout, le monde sort petit à petit de la pandémie de COVID-19. Conséquence directe : l’économie reprend de façon rapide et abrupte (pas grâce à The Weeknd). Après des mois d’abattement, la machine se relance, entraînant avec elle d’importantes tensions sur le marché de l’énergie. À cette période, le prix moyen de l’électricité en France augmente de 2,3 %, à un rythme supérieur à l’inflation générale (+ 1,6 %). Et parce qu’un malheur n’arrive jamais seul, parallèlement à ces besoins accrus, le parc nucléaire Français, composé de 56 réacteurs et première source de production et de consommation électrique du Pays, traverse une passe difficile. En décembre 2021, ce sont pas moins de 17 réacteurs qui sont mis à l’arrêt du fait d’un problème de corrosion, couplé à un retard considérable sur les visites décennales. La France, pourtant habituée à produire son pesant d’énergie nucléaire, est dans l’impasse. Une situation qui contraint même l’Hexagone à se replier sur ses quelques centrales thermiques encore actives.

Jean Castex à la rescousse

C’est alors que, le jeudi 30 septembre 2021, sur le plateau du JT de TF1, le Premier ministre, Jean Castex (si vous ne vous en souveniez plus), prend la parole pour annoncer la mise en place d’un dispositif inédit : le bouclier tarifaire. Un mécanisme qui vise à maintenir les prix du gaz et de l’électricité à un niveau raisonnable, afin d’éviter aux consommateurs un boom incontrôlé des factures d’énergie.


Pour le gaz, Jean Castex avançait les précisions suivantes : « concrètement, tout l’hiver prochain [2021-2022], le tarif réglementé du gaz ne dépassera jamais le tarif d’octobre 2021 ». Côté électricité, à propos de l’augmentation du tarif réglementé d’EDF prévue en février 2022, « le Gouvernement fera en sorte que cette hausse [...] ne dépasse pas 4 % du tarif ». Quelques mois plus tard, la promesse était tenue. Par la suite, la mesure sera par ailleurs étendue aux offres de marché (et pas uniquement au tarif réglementé) pour protéger l’ensemble des Français-e-s.

Russie et Ukraine : la catastrophe inattendue

Les Français-e-s auraient pu attendre sereinement un retour à la normale des prix du gaz et de l’électricité, dorloté-e-s par les bienfaits du bouclier tarifaire. C’était toutefois sans compter sur un nouveau coup dur. Alors que l’Hexagone patauge déjà, à partir de février 2022, c’est toute l’Europe qui s’apprête à entrer dans « une période de turbulences extraordinaires », comme le résumera l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Le conflit russo-ukrainien vit ses premières heures, entraînant dans son sillage un chamboulement sans précédent sur le marché énergétique.
En effet, sous le coup de sanctions infligées par les États européens, la Russie, principal exportateur de gaz du continent (plus de 45 % de ses importations), réduit le débit de ses gazoducs vers l’UE d’environ 80 % suite à l’invasion de l’Ukraine*. Dans l’urgence, les gouvernements partent en quête de nouvelles sources d’approvisionnement, les prix s’affolent sur le marché (les prix du gaz et de l’électricité étant liés). L’Europe plonge irrémédiablement dans une profonde crise énergétique. En bref, le bouclier tarifaire a un bel avenir.

Pourquoi cette fin progressive du bouclier tarifaire ?

Ce rapide bond dans le temps nous a permis d’entrevoir les raisons précises de l’apparition du bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité. Voyons maintenant pourquoi il s’apprête à disparaître. Alors que le marché de l’énergie a retrouvé une relative stabilité et que la consommation finale d’énergie est en berne, nous pourrions nous attendre à quelques baisses bienvenues sur le montant de nos factures d’électricité. Pourtant, à y regarder de plus près, il n’en est rien. En février 2024, les consommateurs se sont même vus honorés d’une nouvelle augmentation de 8,6 à 9,8 % du prix des tarifs réglementés de l’électricité. 

Vous connaissez peut-être la fameuse réplique issue d’un classique du cinéma, Les hommes du président : « suivez l’argent ! ». Eh bien dans le cas du bouclier tarifaire, elle est on ne peut plus vraie.  En effet, si le bouclier tarifaire a prouvé son efficacité, il a également représenté une enveloppe colossale pour les fonds publics (plus de 50 milliards d'euros nets). Pour Bercy, il est donc grand temps de résorber, voire, de rembourser cette sortie d’argent. Alors que les prix se stabilisent (sans toutefois retrouver leur niveau d’antan), l’État compte bien refermer les vannes. 

Dès juillet 2023, Gabriel Attal, alors ministre délégué aux Comptes publics, déclarait par ailleurs que « dès lors qu’on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs spécifiques qu’on a mis en place pendant la crise de l’inflation […] ça veut dire qu’on va devoir sortir progressivement du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie ».

Parmi les mesures mises en place pour limiter la hausse des prix de l’électricité dans le cadre du bouclier tarifaire, on a pu compter sur un « rabotage » de certaines taxes sur l’électricité. Au 1ᵉʳ février 2022, l’accise sur l’électricité (c’est-à-dire la taxe intérieure sur l’électricité, la TICFE) avait notamment été radicalement réduite, passant ainsi de 32 €/MWh à 1 €/MWh pour les particuliers. En février 2024, elle est repassée à 21 € par mégawattheure. Une première étape avant un retour à un niveau « d’avant-crise » d'ici à 2025. Même chose du côté gaz, puisque l’accise sur le gaz est passée de 8,37€/MWh à 16,37€/MWh.

Quel sera le prix de l’électricité en 2024 ?

Traditionnellement, le tarif réglementé de l’électricité (TRV) évolue deux fois par an : en février et en août. Nous aurions donc pu nous attendre à un nouveau changement au 1er août 2024. Cependant, Bruno Le Maire a annoncé qu'aucune autre augmentation n’aurait lieu avant le 1er février 2025, date à laquelle « nous reviendrons à la situation qui était celle d’avant le bouclier tarifaire », précise le ministre de l'Économie et des Finances.

Seule certitude donc, en février 2025, l’accise sur l’électricité repassera à 32 €/MWh. Un nouveau pic qui fera suite à de multiples évolutions du prix de l’électricité subies par les Français-e-s depuis février 2022 : 

  • Février 2022 : + 4 % TTC sur le prix de l’électricité ;
  • Février 2023 : + 15 % TTC sur le prix de l’électricité ;
  • Août 2023 : + 10 % TTC sur le prix de l’électricité ;
  • Février 2024 : + 8,6 à 9,8 % TTC sur le prix de l’électricité ;
  • Février 2025 : affaire à suivre.

L’année 2025 marquera donc définitivement la fin du bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie. Si une première augmentation est prévue pour février 2025, sans dispositif de protection, rien ne garantit qu’elle ne sera pas la première d’une longue liste.

Ça, c’est pour le TRV : le tarif réglementé fixé par le gouvernement. Il existe des offres de marché qui sont aujourd’hui plus compétitives, et qui permettent même de se fournir en électricité verte ! Alors, si vous souhaitez dès maintenant vous protéger des hausses de prix de l’électricité, sachez qu’il vous est toujours possible de changer de fournisseur d’électricité, en optant pour une offre économique et écologique avec Ekwateur.

Et le bouclier tarifaire sur le gaz ?

Avec tout ça, on en a oublié un point essentiel : le bouclier tarifaire sur les prix du gaz. Pour lui, l’affaire est d’ores et déjà pliée. Avec la disparition du tarif réglementé du gaz d’Engie (sur lequel il était appliqué) prévue de longue date et le retour à la (presque) normale des prix, le gouvernement a d’ores et déjà fait disparaître ce dispositif au cours de l’été 2023.

Le prix du gaz va par ailleurs de nouveau augmenter au 1er juillet prochain et la hausse sera de 5,5 % à 10,4 %. En cause ? Une augmentation des taxes sur le gaz, à laquelle aucun consommateur ne pourra échapper (nouveau tarif ATRD, le tarif régulé rétribuant les gestionnaires de réseaux de distribution de gaz naturel). C’est en tout cas ce qu’a confirmé Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie.

Source

https://www.touteleurope.eu/environnement/fact-checking-l-union-europeenne-est-elle-toujours-dependante-des-energies-fossiles-russes

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