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Fresque énergies renouvelables
Fresque énergies renouvelables

Crise de l’énergie : un manque de développement des énergies renouvelables ?

Le 26 août 2022, le prix du MWh d’électricité sur les marchés de gros a passé la barre des 1000 € contre 85 € l’an dernier. Ce pic historique montre l’ampleur de la crise de l’énergie à laquelle nous faisons face. Cette crise est en partie liée à notre dépendance aux énergies fossiles.

De leur côté, les énergies renouvelables apparaissent compétitives. Comment expliquer cette crise ? Quelles sont les opportunités qu’offrent les énergies vertes ? Ekwateur fait le point.


Aux origines de la crise de l’énergie

Commençons d'abord par expliquer comment cette crise de l'énergie s'est développée.

La pandémie de Covid-19

Pour bien comprendre les origines de la crise de l’énergie, il faut faire un petit bond en arrière. Retour en 2020. L’épidémie de Covid-19 se propage et les gouvernements décident de confiner les populations. Les entreprises tournent à bas régime ou sont à l’arrêt, les industries aussi. 

La pandémie grippe l’activité économique. De ce fait, la demande en gaz et en pétrole diminue. Les cours du gaz et du pétrole baissent. Fin avril 2020, le prix du baril de pétrole devient même négatif. 

En 2021, l’économie commence à repartir. Les prix du gaz et du pétrole adoptent le comportement d’une « balle rebondissante ». Tombés très bas, ils remontent soudainement et très fort. 

Entre janvier 2021 et octobre 2021, ils enregistrent une hausse de 57%. Face à cette envolée des prix, Jean Castex, alors Premier ministre, annonce la mise en place du bouclier tarifaire. Les tarifs réglementés de vente du gaz sont bloqués initialement jusqu’en juin 2022. En effet, le gouvernement espère une baisse des prix de la molécule de gaz au printemps 2022.

Guerre en Ukraine et crise de l’énergie

Fin février 2022, le conflit entre la Russie et l'Ukraine s'intensifie. La Commission européenne prend alors des mesures de sanctions contre la Russie pour condamner la guerre. Or, la Russie représente 40% de l’alimentation en gaz de l’Union européenne. 

En réponse aux sanctions, le géant de l’est décide donc de limiter progressivement ses livraisons à l’Europe. Les pays membres de l’Union européenne doivent donc diversifier leur approvisionnement. Les cours du gaz flambent toujours plus sur les marchés.

Et l’électricité dans tout ça ?

C’est bien vrai ! On a essentiellement parlé du gaz. L’électricité de son côté subit une folle ascension. En effet, en Europe, 19,7% de notre production électrique est assurée par des centrales thermiques au gaz d’après le rapport Ember 2020. Le prix de la matière première augmentant, cela fait mécaniquement monter les cours de l’électricité sur les marchés de gros.

Le merit order

Sur les marchés de gros en effet, le prix de l’électricité est calculé selon le principe du “merit order”. Le merit order, kezako ? Toutes les demi-heures, sont appelées les unités de production électrique sur le marché pour répondre aux besoins de consommation. On les appelle dans l’ordre croissant de leur coût marginal variable. Les unités qui produisent de l’électricité peu chères, dont les énergies renouvelables sont appelées en premier. Ensuite, on appelle les centrales nucléaires, puis ensuite les énergies fossiles. Le prix est fixé en fonction de la dernière centrale appelée. 

Aujourd’hui, comme l’a expliqué Julien Tchernia, Président d’Ekwateur, dans une tribune, les dernières centrales appelées sont les “centrales de production à gaz, dont le coût marginal de production est tiré vers le haut par les prix du gaz et du CO₂”

Conséquence, le prix du gaz fait grimper le prix de l’électricité sur les marchés de gros.

Les coûts du nucléaire

« Oui, mais pourquoi le gaz nous impacte tant en France ? Le nucléaire représente 67% de notre mix énergétique ». C’est très vrai ! Nous dépendons en théorie moins du gaz. Le problème, c’est que le Covid-19 a retardé la maintenance des centrales nucléaires. Des réacteurs ont donc dû être mis à l’arrêt et cela a affecté notre production d’électricité. Nous avons donc dû passer par les marchés de gros pour nous approvisionner. 

En outre, le prix de l’énergie nucléaire monte du fait de la maintenance. Le parc de centrales nucléaires vieillit et les réacteurs sont de plus en plus sujets à des problèmes de corrosion. Pour assurer la sécurité des centrales, EDF a engagé un programme de maintenance : le grand carénage. Evalué à 50 milliards d’euros par l’énergéticien, il devrait coûter 100 milliards d’euros selon la Cour des comptes. Une somme colossale qui devrait impacter le prix de l’électricité. 

Bon à savoir : Les réacteurs récents ne sont pas exempts des problèmes de corrosion, du fait de leur  « design » qui semble "générer des contraintes thermomécaniques plus importantes" selon un article du Monde publié en mai 2022.

Une crise de l’énergie qui met en relief les limites du système européen.

La crise de l’énergie a mis en exergue une dépendance aux énergies fossiles de l’Union européenne. Les prix sur les marchés s’emballent et les gouvernements ont du mal à trouver des solutions pour protéger le pouvoir d’achat de leur population. En France, les autorités publiques ont prolongé le bouclier tarifaire sur l’année 2023. Il sera difficile de savoir quels seront les rattrapages à l’issue du dispositif. 

Outre le problème du prix, ce sont aussi les problèmes de sécurité d’alimentation en gaz et en électricité qui pointent aussi le bout de leur nez. « Nous devons nous préparer au scénario du pire », a fait savoir Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. En effet, le manque de développement des énergies renouvelables nous fait reposer sur les centrales nucléaires. À l’heure actuelle, 32 réacteurs sur les 56 du parc français sont à l’arrêt. De ce fait, le risque de délestage est accru. Des coupures d’électricité générales sur une période donnée sont peut-être à prévoir pour l’hiver prochain.

Les énergies renouvelables, compétitives et vectrices d’indépendance énergétique

L’indépendance énergétique est plus que jamais clé pour les pays membres de l’Union européenne. Et elle passe par le développement des énergies renouvelables. Nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique, elles permettent aussi de réduire les prix de l’énergie. 

Les prix des énergies renouvelables en baisse

Le prix des énergies renouvelables tend à baisser. Comme le rappelle la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2021 « Le coût de l'électricité produite par l'éolien terrestre a baissé de 15 %, l'éolien offshore de 13 % et le solaire photovoltaïque de 13 % par rapport à 2020 ».

En effet, ces énergies ne dépendent pas d’un combustible. Elles permettent donc de garantir un prix du kWh d’électricité plus stable. C’est ce qu’explique Francesco La Camera, directeur général de l'IRENA « Les énergies renouvelables affranchissent les économies de la volatilité des prix et des importations de combustibles fossiles, réduisent les coûts énergétiques et renforcent la résilience du marché, et ce d'autant plus si la crise énergétique actuelle se poursuit. ».

Résilience énergétique : passer d’un modèle centralisé à un modèle décentralisé

L’organisation centralisée de la production d’électricité et de gaz ne fonctionne plus. La crise de l’énergie le montre. On ne peut pas dépendre de grandes centrales ou en majorité d’un pays producteur. Pour sécuriser l’alimentation en énergie de tous-tes, il est important de créer des circuits courts d’approvisionnement.

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Le développement du biogaz

« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a… du biogaz ! ». 😉 Et, créer des circuits courts d’approvisionnement, cela implique d’abord le développement du biométhane. Ce gaz vert peut être produit en France à base de déchets agricoles ou de stations d’épuration. Il offre un complément de revenu aux agriculteurs-trices.  

Aujourd’hui, le biogaz représente 1 % de notre consommation d’énergie. Il devrait connaître un boom dans les années à venir. Selon GRTGAz, l’Ademe et GRDF, nous pourrions passer à un mix gazier 100% vert d’ici 2050. Tous les ménages devraient alors consommer du gaz vert renouvelable d’ici là !

Autoconsommation : favoriser l’essor de l’énergie solaire

Enfin, le circuit le plus court, c’est la production par les consommateurs-ices. Comme il est possible de planter des tomates bio dans son jardin, il est possible de produire de l’électricité verte. Cette énergie potagère est rendue possible grâce à l’autoconsommation photovoltaïque

En installant des panneaux solaires photovoltaïques sur leur toit, les foyers peuvent fabriquer de l’électricité renouvelable. Elle pourra être consommée sur place ou revendue au réseau en obligation d’achat pour alimenter le voisinage. 

☀️ « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » disait Michel Audiard.  Aujourd’hui, selon les données d’Enedis, l’autoconsommation c’est un club de 100 000 fêlé-e-s qui favorisent la transition énergétique. Et « plus on est de fous, plus on rit ». Si vous voulez vous joindre à elleux, c’est facile. Chez Ekwateur, on propose toute sorte de solutions d’autoconsommation. Prêt-e pour un bilan solaire

Sources

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/17/nucleaire-face-au-probleme-de-corrosion-un-programme-de-controle-de-grande-ampleur_6126537_3244.html 
https://www.environnement-magazine.fr/energie/article/2021/11/15/136905/tribune-augmentation-des-couts-energie-concurrence-fait-pas-augmenter-les-prix

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