
Bilan électrique 2024 : une production électrique historique en Europe !
Le 23 janvier 2025, le rapport d’Ember sur la production électrique a été mis en ligne. Le Think Tank spécialisé dans la transition énergétique livre ainsi une étude approfondie des productions dans les pays de l’UE chaque année. Un outil précieux pour analyser les changements et les tendances sur le long terme.
Cette année encore, le rapport illustre les efforts de l’UE concernant la transition énergétique et dresse un portrait du chemin parcouru, et de celui qui reste à parcourir.
Zoom sur l’European Electricity Review 2025 et ses principaux enseignements !
7 février 2025 à 17:00
Lecture 4 mn
En résumé
2024 est assurément une bonne année pour la production d'électricité en Europe selon le rapport d’Ember.
- La production d'électricité à partir d’énergies fossiles a donc diminué en 2024.
- Parallèlement à cet état de fait, la part de production des énergies renouvelables a augmenté, et spécialement le solaire.
- La demande en électricité s’est accrue cette année, ce qui renforce encore un peu plus la force des deux premiers points.
Le rapport souligne les bienfaits du Green Deal européen, qui, 5 ans plus tard, montre des résultats concrets sur le mix énergétique des pays membres de l’UE.
Le bilan électrique de 2024
2024 est assurément une bonne année pour la production d'électricité en Europe. Si l'exemple de la France et sa production électrique en 2024 illustre parfaitement cette bonne nouvelle, les autres pays ne sont pas en reste.
En effet, selon le rapport d’Ember, l’année 2024 est une année qui a vu le recul des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables !
- La production d'électricité à partir d’énergies fossiles a donc diminué en 2024.
- Parallèlement à cet état de fait, la part de production des énergies renouvelables a augmenté, et spécialement le solaire.
- La demande en électricité s’est accrue cette année, ce qui renforce encore un peu plus la force des deux premiers points.
Evolution des énergies renouvelables :
- Production 2023 : 1 208 TWh (44,8 %)
- Production 2024 : 1 300 TWh (47,4 %)
- Variation : +92 TWh (+7,6 %)
Malgré une demande en hausse, les 27 pays de l’Union Européenne ont donc réussi à diminuer l’exploitation des énergies fossiles pour privilégier les énergies renouvelables.
🛢️ Si en 2019, la part de la production d'électricité avec des énergies fossiles était de 39 %, elle est tombée à 29 % en 2024, soit une diminution de 10 % en cinq ans ! Le charbon représente aujourd'hui une part infime du mix énergétique des pays européens (moins de 5 % du mix énergétique des pays qui l’utilisent encore).
🌞 Plus encore, quand en 2019, la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité était de 34 %, elle est de plus de 47 % en 2024. Le solaire est ainsi en progression dans tous les pays de l’Union Européenne, marquant le développement effectif de la transition énergétique.
Le solaire
L'énergie solaire est la star des énergies renouvelables dans ce rapport et pour cause. Pour la première fois, sa production d'électricité a dépassé celle du charbon dans l’UE.
En 2024, c’est l’énergie solaire qui a connu l’évolution la plus rapide avec une production en hausse de presque 22 % sur l’ensemble des pays de l’UE.
Evolution du solaire :
- 2023 : 250 TWh (9,3 %)
- 2024 : 304 TWh (11,1 %)
- Variation : +54 TWh (+21,7 %)
Selon le rapport, cette augmentation exponentielle s’explique par un volume record des capacités de production solaire avec 66 GW de panneaux solaires supplémentaires installés (cela représente près de 450 000 panneaux solaires selon la méthodologie du Think Tank). L’UE continue donc sur sa lancée de 2023 où elle avait posé 63 GW de panneaux solaires !
Alors qu’en 2023 la production solaire avait déjà augmenté de 40 TWH, c’est 54 TWh en 2024, une belle illustration des efforts des pays membres en la matière.
😎 Il est important de noter que cette augmentation survient malgré un ensoleillement inférieur à 2023 !
Des panneaux solaires pour alimenter son foyer !
Si les pays de l’UE investissent dans le solaire, c’est que cette énergie est sûre et fiable, et grâce à des matériaux de plus en plus performants (les panneaux solaires nouvelle génération sont productifs), le solaire est assurément une des solutions d’avenir !
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Panneaux solaires en toiture
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L’éolien
Le secteur de l’éolien continue de grandir, malgré une année où les conditions (le vent) n’étaient pas optimales.
Evolution de l’éolien :
- 2023 : 470 TWh (17,4 %)
- 2024 : 477 TWh (17,4 %)
- Variation : +7 TWh (+1,5 %)
Bien que l'augmentation de 1,5 % ne soit pas historique, l'énergie éolienne demeure une des plus productives dans l’UE.
Avec 477 TWh produits en 2024, elle dépasse le solaire, et son avancée historique de plus de 170 TWh montre sa place importante dans le mix énergétique européen.
L’hydroélectrique
Ressource renouvelable ancienne (et pionnière) dans la production de l'électricité en Europe, l’hydroélectrique continue son petit bonhomme de chemin avec une augmentation de 9,8 % entre 2023 et 2024.
Evolution de l'hydroélectrique :
- 2023 : 330 TWh (12,2 %)
- 2024 : 362 TWh (13,2 %)
- Variation : +32 TWh (+9,8 %)
Grâce à des précipitations en hausse, le secteur hydroélectrique a connu une très bonne année en termes de production. La modernisation des infrastructures explique aussi cette augmentation !
Et si on installait des centrales hydroélectriques dans les villes les plus pluvieuses de France ? 🤔
Les bioénergies
Seule exception de ce rapport, les bioénergies qui sont en légère baisse en 2024 par rapport à 2023.
- 2023 : 152 TWh (5,6 %)
- 2024 : 150 TWh (5,5 %)
- Variation : -2 TWh (-1,2 %)
Cette diminution s'explique par :
- des investissements moins conséquents dans ce secteur et l’annulation de certains financements ;
- des importations de bioénergies venues de Chine, pays qui concurrence la production européenne ;
- des difficultés dans le développement des biocarburantsde seconde génération.
Le nucléaire
Le nucléaire, n’est pas une énergie renouvelable. Toutefois, elle reste considérée comme une énergie décarbonée grâce à son très faible taux d'émission de gaz à effet de serre.
Nucléaire :
- Production 2023 : 620 TWh (23 %)
- Production 2024 : 649 TWh (23,7 %)
- Variation : +29 TWh (+4,7 %)
L'augmentation de près de 5 % de la production électrique s'explique grandement par la situation française, leader du nucléaire dans l’UE. Avec des centrales qui ont bien tourné et un nombre moins important d’arrêts imprévus qu’en 2023, le nucléaire se porte mieux, ce qui aide encore un peu plus les pays à diminuer la part d’énergies fossiles dans leur mix énergétique pour la production électrique.
Les énergies fossiles
Globalement, les énergies fossiles pour produire de l'électricité ont reculé en 2024 par rapport à 2023 avec une diminution de 8,7 % de leur production électrique. Les énergies fossiles représentent aujourd'hui près de 29 % de la production électrique totale, alors que c’était plus de 32 % en 2023 ! Plus encore, c’est le niveau le plus bas depuis près de 40 ans selon le rapport !
Total des énergies fossiles :
- Production 2023 : 868 TWh (32,2 %)
- Production 2024 : 793 TWh (28,9 %)
- Variation : -75 TWh (-8,7 %)
- Charbon :
- 2023 : 319 TWh (11,8 %)
- 2024 : 269 TWh (9,8 %)
- Variation : -50 TWh (-15,7 %)
- Gaz :
- 2023 : 456 TWh (16,9 %)
- 2024 : 430 TWh (15,7 %)
- Variation : -26 TWh (-5,6 %)
- Autres fossiles :
- 2023 : 93 TWh (3,5 %)
- 2024 : 94 TWh (3,4 %)
- Variation : +1 TWh (+0,3 %)
Cette diminution est d'autant plus remarquable qu’elle a eu lieu lors d’une année où la demande en électricité était en augmentation et où les exportations européennes ont augmenté (+15 TWh exportés par rapport à 2023).
Côté charbon, cette énergie fossile est en passe de devenir marginale dans l’UE. Sur les 17 pays des 27 qui l'utilisent encore, le charbon est en diminution dans 16 pays. Le charbon est une ressource qui ne pèse que 5 % ou moins du mix énergétique de 16 pays en 2024 !
Parmi les exceptions, on retrouve la Pologne, particulièrement dépendante du charbon (en 2021, environ 80 % de l'électricité polonaise provenait du charbon). Cependant, le pays a connu un développement très rapide au vu de son retard et le charbon représente 34 % du mix énergétique polonais en 2024 (une diminution de 17 % par rapport à 2023). Un pas de géant !
L’Allemagne est aussi l’un des pays qui utilise le plus le charbon avec 39 % de son mix énergétique pour produire de l'électricité. Toutefois, là aussi, les efforts consentis par l’Allemagne sont illustrés dans le rapport avec une diminution de 8 % par rapport à 2023.
Grâce à ces efforts, le solaire a enfin dépassé le charbon en termes de volume de production d'électricité !
Un changement visible sur le long terme
Le rapport souligne les bienfaits du Green Deal européen, qui, 5 ans plus tard, montre des résultats concrets sur le mix énergétique des pays membres de l’UE.
Pour le Think Tank, cette évolution est la preuve qu’une transformation en profondeur des modes de production est possible. En plus, cette politique mène vers une liberté énergétique accrue car l’UE se retrouve moins dépendante des importations d’énergies fossiles pour alimenter les centrales du continent.
Selon le rapport, c’est la volonté écologique, couplée à la crise en Ukraine et au choc des prix des combustibles fossiles, qui a poussé l’UE à se tourner vers cette politique énergétique.
Tout cela a permis une évolution rapide avec une augmentation de la production d'électricité via les énergies renouvelables de 34 % (979 TWh) en 2019, contre 47 %, (1 300 TWh) en 2024, grandement portée par l'essor des secteurs de l'éolien et du solaire.
Dans le même temps, les combustibles fossiles sont passés de 39 % (1 130 TWh) en 2019 à 29 % (793 TWh) en 2024.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
Ne pas relâcher la garde : les recommandations d’Ember
Face à ces chiffres encourageants, le Think Tank livre quelques recommandations pour ne surtout pas ralentir le rythme de la transition énergétique :
- L’éolien devra jouer un rôle clé dans la tenue des objectifs de 2040 et pour rompre avec la dépendance de l’UE aux importations d’énergies russes.
- L'industrie éolienne doit être soutenue, notamment avec des investissements transfrontaliers.
- Pour accélérer le développement des énergies renouvelables, il est nécessaire d’adopter des réformes qui facilitent et simplifient l’obtention des permis de construction et d’exploitation. Ces réformes doivent s’inspirer d’exemples de pratiques ou de politiques qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.
- Les enchères pour les projets d’énergies renouvelables (par lesquelles les entreprises soumissionnent pour obtenir le droit de développer des projets, comme des parcs éoliens) doivent être organisées selon des règles améliorées et dans des délais précis. Ces mesures permettront de maintenir le rythme nécessaire pour déployer suffisamment d’énergie éolienne afin d’atteindre les objectifs fixés.
- Les gouvernements doivent planifier l’utilisation de l’espace pour l’énergie, c’est-à-dire décider où il est possible d’installer des parcs éoliens (sur terre ou en mer). En même temps, ils doivent assouplir ou supprimer les règles qui imposent une distance minimale trop grande entre les éoliennes et certains lieux (comme les habitations). Ces règles restrictives ralentissent souvent le développement de nouveaux projets.
- Le plan d'action pour l'électrification (le passage à une utilisation accrue de l'électricité, par exemple pour les voitures, le chauffage, etc.) doit être conçu de manière intelligente, c'est-à-dire en utilisant des technologies et des stratégies qui :
- aident les consommateur-ices à économiser de l'argent, grâce à des tarifs adaptés ou des systèmes d'efficacité énergétique, par exemple ;
- renforcent la viabilité économique des énergies renouvelables, en développant leur utilisation et en rendant leur production plus rentable.
- Les règles existantes du secteur de l'électricité doivent être appliquées afin d’améliorer l'accès au marché et de supprimer les obstacles au déploiement accéléré pour ainsi augmenter la souplesse d’installation. Il faut également mettre l'accent sur le stockage des batteries et permettre la flexibilité de la demande.
- Les règles et politiques actuelles concernant les réseaux électriques (leur développement, modernisation, et gestion) doivent être mises en œuvre rapidement. Cela inclut notamment la nécessité d'investir à l'avance pour que les réseaux soient prêts à gérer l'augmentation de l'énergie produite par les ressources renouvelables. Pour accélérer ce processus, Ember recommande de créer un groupe de travail dédié, qui se concentrerait uniquement sur la coordination et la mise en œuvre de ces actions.
- Un guichet unique pour les réseaux doit être envisagé au niveau de l'UE, ce qui simplifierait l'accès au financement des investissements dans les réseaux, permettant une connectivité régionale bénéfique.
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Le rapport European Electricity Review 2025 montre donc que la transition énergétique et les efforts consentis à ce sujet commencent à porter leurs fruits. Cependant, la conclusion des experts Beatrice Petrovitch et Chris Rooslowe, qui ont supervisé le rapport, est claire, l’UE doit prioriser le développement de l'éolien et du solaire, des réformes pour simplifier les projets renouvelables et des investissements stratégiques dans les réseaux électriques. Ces actions renforceront alors la sécurité énergétique, réduiront la dépendance aux énergies fossiles et garantiront une compétitivité durable pour l'UE, tout en soutenant à la fois les citoyen-ne-s et les entreprises. 🌞
https://ember-energy.org/latest-insights/european-electricity-review-2025/