Votre livret va-t-il servir à financer de nouveaux réacteurs nucléaires ?

La relance du nucléaire était le cheval de bataille de la campagne électorale d’Emmanuel Macron. Depuis son élection, le président de la République a tenu ses promesses avec une politique nucléaire ambitieuse. 

Le gouvernement prévoit ainsi la création de 6 réacteurs nouvelle génération (EPR2) afin de répondre à la forte demande en électricité liée à l’électrification des usages (développement de la mobilité électrique) et atteindre les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050 grâce à l’abandon des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables et du nucléaire (70 % de la production électrique).

Toutefois, ce projet a un coût : 51,7 milliards d’euros selon EDF. Afin de financer la construction des réacteurs EPR2 dont la mise en service est prévue en 2035, l’exécutif envisage de piocher dans les quelque 375 milliards d’euros épargnés par les français sur leur livret A en 2022. Autre piste possible : augmenter le prix de l’électricité ou faire appel à des financements privés comme le fait le Royaume-Unis.

30 % des personnes interrogées dans le cadre d’une étude menée par Yougov ne savent pas à quelles fins est utilisé l’argent qu’ils placent sur leur livret A. Si les pouvoirs publics mettent en avant le financement historique du logement social, le livret A sert également à d’autres projets : 40 % est prêté aux PME, 60 % est transmis au Groupe Caisse des Dépôts qui l’investit dans des projets urbains et d’intérêt général, voire même sur les marchés financiers. (1)

Le gouvernement s’intéresse au livret A comme source de financement du nucléaire pour plusieurs raisons : 

L’institut de sondage Yougov a posé la question à 1 050 personnes sur ce sujet délicat. Résultat : 45 % des sondés se disent favorables à l’utilisation de leur épargne pour financer la relance du nucléaire. 37 % sont contre et 17 % ne se prononcent pas. Bien sûr, l’échantillon n’est pas représentatif de l’ensemble de la population français. (1)

Pour certains, la question mérite un véritable débat public. Philippe Crevel, spécialiste des questions macroéconomiques s’exprime : "pour un certain nombre de citoyens, la question de l'utilité de développer l'énergie nucléaire compte tenu des problèmes qu'elle porte serait à examiner. Cela engendrerait un débat public sur les priorités en matière de mix énergétique." (2) Parmi les problèmes liés au nucléaire, on peut citer les nombreuses maintenances des réacteurs qui créent des risques de coupure de courant en hiver.

Afin de mieux faire passer la pilule, le gouvernement pourrait invoquer l’argument de la décarbonation du pays : "ce serait une transformation du Livret A, qui deviendrait un des 'moteurs' de la transition énergétique, du moins je pense que le gouvernement le vendra comme tel”. (2)

Depuis la déclaration d’Eric Lombard, directeur de la CDC en janvier 2023 au sujet de cette potentielle réaffectation des ressources, le ministère de la Transition énergétique a souhaité rassurer les français : “les options de financement du nouveau nucléaire sont à l’étude, sans qu’aucune orientation n’ait été arbitrée à ce stade”. (3)

Une autre des mesures phares du plan de relance nucléaire du président de la République était de prolonger la durée de vie des réacteurs qui peuvent l’être à soixante ans et au-delà. Justement, le 10 août 2023, l’autorité de sûreté du nucléaire (ASN) a prolongé de dix ans la durée d’exploitation du réacteur numéro 1 de la centrale de Tricastin. Il s'agit d’une première en France et du record de longévité pour ce réacteur âgé de 43 ans.

Et vous, que pensez-vous de ce projet : êtes-vous plutôt pour  ✅

ou contre ❌ l’utilisation du Livret A pour la construction de réacteurs nucléaires ? 

Si vous souhaitez connaître l’avis d’Ekwateur sur le nucléaire, découvrez cette tribune rédigée par notre fondateur Julien Tchernia : pourquoi s'entêter avec le nucléaire ?