Comment le changement climatique affecte notre manière de produire de l'énergie renouvelable ?

Le secteur énergétique est à un carrefour. Il s’agit en effet de diminuer fortement la production d’énergies fossiles, toujours plus menacées car mises en causes dans le dérèglement climatique, tout en contrebalançant cette diminution par la création de parcs éoliens, solaires, etc. Tout cela, dans un contexte où la demande en énergie ne cesse d’augmenter !

Cette vision d’une planète éclairée par des énergies renouvelables se heurte aux aléas climatiques provoqués par l'activité humaine et l'augmentation des émissions de CO₂ et autres gaz à effet de serre.

Avec l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, la mise en place de projets concernant les énergies renouvelables est plus difficile, tant au niveau de la théorie pour prévoir le climat sur plusieurs années, que dans la pratique avec des difficultés pour construire et faire la maintenance de larges structures de production d’énergies renouvelables. 

Par un phénomène curieux, le réchauffement de la planète peut provoquer de la pluie, de la neige et des vagues de froid. En effet, avec l'augmentation de la vapeur dans l'atmosphère à cause d’une température plus élevée qu'auparavant, les précipitations sont plus nombreuses. Et, quand le froid arrive, les averses se transforment en chutes de neige plus importantes.

Ces vagues de froid entraînent souvent une forte augmentation de la consommation énergétique, ce qui peut provoquer un risque de rupture du réseau.

En ce qui concerne le bois par exemple, une ressource renouvelable qui peut être utilisée pour la construction comme pour le chauffage, les pluies intenses et la neige peuvent occasionner l'immobilisation des camions de transport et ainsi paralyser la filière dans une région, et par conséquent causer des défauts d’approvisionnement en bois pour les foyers utilisateurs.

La multiplication des vagues de chaleur est aussi un problème pour le développement des énergies renouvelables. Pourtant, on aurait pu croire qu’une forte chaleur aurait avantagé l’industrie des centrales solaires ou les centrales thermiques. Et bien non ! Pourquoi ? Parce que la chaleur est un ennemi des composants électroniques dont sont équipées ces centrales ! 

Une centrale thermique qui surchauffe courra ainsi le risque d’un ralentissement, ou pire, d’un arrêt total de sa production, alors même que le besoin d'électricité lors d’une canicule est supérieur avec l'utilisation accentuée des climatiseurs. 

La surchauffe des composants électroniques d’un panneau solaire peut aussi provoquer incendies, et autres dégradations.

Plus encore, les batteries lithium-ion utilisées pour stocker l'énergie produite par le solaire ou le thermique ont une grande sensibilité à la chaleur. Lors d’une surchauffe, une batterie de ce type dégage un gaz inflammable.

Enfin, les vagues de canicules assèchent ou font baisser le niveau de l’eau des rivières ou même des fleuves. Les hydroliennes fluviales pourraient dans ce cas avoir du mal à fonctionner.

L'augmentation progressive du niveau de la mer constatée par les scientifiques pose aussi des défis. En effet, les centrales à vagues et toutes les installations énergétiques sur les côtes ou en mer peuvent être directement touchées par la hausse du niveau de la mer. Plus encore, en cas de vague puissante, voire de tsunami, les installations les plus robustes ne font pas le poids. Fukushima en est l’illustration la plus criante.

A l'intérieur des terres, des inondations en série pourraient endommager des réseaux électriques, voire même empêcher la maintenance de certaines centrales, ce qui aurait un impact direct sur la production d’énergie.

Les rafales de vent, la grêle ou encore les pluies acides sont aussi des aléas climatiques qui peuvent s'abattre sur une centrale de production d’une énergie renouvelable. 

On pourrait croire qu’un vent violent serait une aubaine pour les éoliennes, mais il n’en est rien. Au-dessus de 90 km/h, les pales de l’éolienne se mettent en drapeau (parallèles au vent) pour une plus faible prise au vent et peuvent même s’arrêter. Il en résulte la cessation pure et simple de la production d'électricité. Les vents violents ne sont donc pas d’une grande aide pour l'énergie éolienne qui préfère largement un vent stable aux alentours de 45-50 km/h.

La pluie acide peut-être humide ou sèche et contient un taux d’acidité bien supérieur à la simple pluie normale. Cette pluie peut fortement endommager des panneaux solaires en étant responsable de la corrosion des cellules photovoltaïques. Les tempêtes de sable ou de poussière diminuent aussi le rendement des panneaux en recouvrant les cellules. 

La pluie acide est donc un ennemi de l'énergie solaire, et aucune solution n’existe réellement pour pallier cette faiblesse. Le panneau solaire pluvio-voltaïque, qui utilise les impacts des gouttes pour créer de l'électricité existe de nos jours, néanmoins, il ne pourra toujours rien contre l'acidité corrosive des pluies acides.

Comme l'indiquent les rapports des scientifiques, le monde en 2050 sera déjà dans de beaux draps. La mise en place d’une production d'énergies renouvelables importante et stable doit donc se faire dans un temps qui est compté. C’est cette course contre la montre qui rend les intempéries et les phénomènes météorologiques extrêmes aussi importants et alarmants. Car, si la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt, comme le suggèrent les scientifiques, la mise en place de systèmes de production d'énergies renouvelables sera de plus en plus difficile à mesure que les aléas climatiques vont augmenter en fréquence et en intensité.