Votre grand-mère s’inquiète de ne plus avoir le droit de rouler avec sa vieille Peugeot 205 dans quelques années ? De plus en plus de mesures vont contraindre les propriétaires de véhicules thermiques énergivores et polluants. Toutefois, pas de panique, d’ici 2035, ce n’est que l’achat de véhicules neufs à essence ou diesel qui sera interdit et non leur utilisation. Bonne maman pourra donc continuer de se rendre au marché du village avec sa titine (à condition d’éviter les zones à circulation restreinte) ! 🚗
Ekwateur fait le point sur la mesure qui met fin à la vente des moteurs thermiques en 2035 et vous montre les bons et les mauvais côtés de ce texte qui révolutionne le secteur automobile.
4 mai 2023
·Mise à jour le 15 mai 2024 à 17:00
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L’Union européenne s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, elle doit décarboner le secteur automobile.
Eh oui, le secteur automobile est extrêmement émetteur de gaz à effet de serre, eux-mêmes responsables du dérèglement climatique à l’échelle planétaire. La voiture, c’est le premier mode de déplacement des Européens et elle est responsable à elle seule d’un cinquième des émissions de dioxyde de carbone de tous les pays membres. (1)
En France, le constat n’est pas beaucoup plus réjouissant : les transports (aériens, utilitaires, particuliers) sont responsables de 41 % des émissions carbones, soit 132 Mt CO₂ éq. Cela fait de ce secteur le plus émetteur de CO₂ sur le territoire. Et ce sont les véhicules particuliers qui ont la plus grosse empreinte carbone avec 53 % des émissions ! (2)
Pas étonnant quand on voit les bouchons sur le périph’ en période de vacances scolaires ! ☀️
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Le point sur les émissions de gaz à effet de serre en France en 2023
C’est dans ce contexte qu’une nouvelle réglementation européenne a été adoptée le 14 février 2023 par les eurodéputés. Avec 340 votes en faveur et 279 contre, le texte prévoit de réduire à zéro les émissions de CO₂ des voitures thermiques à partir de 2035. Pour la présidente de la commission des Transports au Parlement européen, Karima Delli, il s’agit d’un “accord historique, qui réconcilie l'automobile et le climat, deux frères ennemis».
Cela signifie en creux qu’il ne sera plus possible de vous rendre chez un concessionnaire pour acheter une voiture neuve à essence, diesel (des énergies fossiles) ou hybride à compter de cette date et que seuls les véhicules 100 % électriques ou à hydrogène seront disponibles à la vente.
Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ? 🚀
Toutefois, quelques exceptions ont été faites pour laisser le temps à la filière de s’adapter : ainsi, les petits constructeurs vendant moins de 10 000 véhicules par an ainsi que les fabricants de bolides sportifs comme Ferrari bénéficient d’un délai supplémentaire pour être dans les règles. Par ailleurs, à la demande de l’Allemagne, les voitures roulant aux carburants synthétiques (e-carburant) devraient faire l’objet d’un examen supplémentaire.
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La fin des voitures thermiques en 2035 est-elle toujours d’actu ?
Cette réglementation va accélérer la transition vers la mobilité électrique dans toute l’Europe. Cela semble être une bonne nouvelle pour l’environnement non ? 🍃 Voyons ce qu’il en est.
Le problème des voitures à moteur thermique, c’est qu’elles rejettent (beaucoup!) de gaz à effet de serre lorsqu’elles sont en circulation. Au contraire, une voiture électrique émet zéro dioxyde de carbone au kilomètre, d’après une étude de l’association The Shift Project. Cela est dû au fait qu’il n'y a pas de combustion au niveau du moteur comme c’est le cas pour une voiture à essence ou diesel. En effet, un litre de gazole brûlé rejette en moyenne 2,6 kg de CO₂. (3)
Comme le chante si bien Sia, “fire meet gazoline” 🎵.
Certes, les voitures électriques n’émettent pas de gaz à effet de serre en roulant. Toutefois, avant même d'effectuer leurs premiers kilomètres, elles ont déjà une dette carbone de 5 à 15 tonnes équivalent CO₂. (4)
Cela est dû à leur fabrication, et notamment à la conception de la batterie qui est particulièrement énergivore et polluante. Cette dernière contient des métaux comme le cobalt, le lithium ou l'aluminium dont l’extraction pose problème pour l’environnement. La question du recyclage des batteries usagées fait aussi tiquer certains écologistes.
Actuellement, les batteries sont recyclables à hauteur de 50% par pyrométallurgie et potentiellement jusqu’à 90% avec les nouveaux procédés hydrométallurgiques et mécaniques. Le problème, c’est que la filière n’est pas encore pleinement structurée à cause du faible volume de batteries et de VE en fin de vie. C’est d’autant plus un enjeu que le sourcing des minerais est compliqué, donc les constructeurs vont pousser énormément pour recycler les batteries.
Toutefois, haut les cœurs : « si on analyse le cycle complet de vie d’une voiture, une électrique rejette 3 à 5 fois moins de CO₂ qu’une thermique » explique Pierre Leflaive, responsable transport de l’ONG Réseau action climat. (5)
Cette mesure, c’est l’autoroute du kiff ! 😎
Au-delà des aspects environnementaux (très importants bien sûr), qu’en est-il de la viabilité de cette réglementation ? Sommes-nous prêts à réaliser ce virage à 360 degrés sans foncer dans le mur ? 💥
Tout d’abord, il faut savoir que le marché de la voiture électrique se porte très bien. Les Français-es sont friands de ces technologies. En 2022, la part de marché des voitures fonctionnant à l’électricité verte était de 13,5 % en France, en augmentation de 3,5 points par rapport à 2021. Au contraire, les ventes de voitures thermiques neuves ont baissé sur cette période !
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Quel futur pour la voiture électrique ?
La généralisation des voitures électriques suppose plusieurs choses. Tout d’abord, l’accès à des bornes de recharge automobile pour tous-tes. À fin février 2023, la France compte 90 803 points de charge d’après les chiffres de l’Avere. Il reste du chemin à parcourir puisque d’après l’ONG européenne Transport & Environment il en faudrait 3 millions à horizon 2030 dans toute l’UE. (6)
Par ailleurs, à l’heure actuelle, sur les 730 000 VE en France, près de 85% des recharges se font à domicile ou sur le lieu de travail (7). La recharge en itinérance est importante mais beaucoup moins que l’accès à la recharge à domicile en copropriété par exemple.
Autre question : le réseau électrique RTE sera-t-il en mesure de fournir suffisamment d’énergie aux automobilistes en France alors que des risques de coupures de courant pèsent déjà sur l’Hexagone à l’approche de l’hiver ? D’après une synthèse de RTE et de l’Avere parue en 2019, 17 millions de voitures électriques dans le parc automobile représenteraient 10 % de la consommation d’énergie, ce qui serait suffisant en termes de production électrique. (5)
Du coup, bien ou pas bien l’obligation de la voiture électrique en Europe en 2035 ? 🤔 Chez Ekwateur, on pense que c’est un super moyen d’accélérer la transition énergétique à tous les niveaux. En plus, des aides financières comme la prime à la conversion ou le bonus écologique permettent d’acheter son véhicule électrique à moindre coût. C’est tout benef’ pour l’environnement et votre porte-monnaie ! 🌿