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Data center
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Les acteurs du cloud passent au vert

Les data centers sont de gros consommateurs en énergie. Des initiatives ont été prises en Europe pour rendre leur activité plus durable.


Le cloud, colonne vertébrale du monde digital

Peut-être ne connaissez-vous pas le cloud ?

Le terme cloud (nuage en anglais) recouvre l'ensemble des solutions de stockage distant. En clair, vos données, au lieu d'être logées sur votre disque dur ou sur une clé USB, sont disponibles sur des serveurs distants et accessibles par internet, 24 heures sur 24.

Ces données électroniques sont stockées dans un « data center » (centre de données). Pour effectuer cette tâche, il faut des serveurs, des systèmes de stockages, des commutateurs de réseau ou encore des routeurs, sans compter des pare feux. Les grandes entreprises y ont largement recours.

En voici certaines raisons :

  • Le cloud permet d’effectuer des économies grâce à la mutualisation des services sur un grand nombre de clients.
  • Le cloud permet de sécuriser les données. Une catastrophe naturelle peut ainsi détruire les installations d’une entreprise. De même, si ces datas deviennent inaccessibles à la suite d’une cyber-attaque.
  • C’est aussi un moyen qui permet de collecter et de traiter de larges quantités de données.
  • Avec le cloud, il devient plus aisé de se concentrer sur l’automatisation des forces de travail, le travail à distance et la productivité, en embrassant une approche beaucoup plus agile. 

Pour le simple utilisateur des services web ou mobile, le cloud permet de mettre en musique toutes les taches de la vie quotidienne comme regarder des films en streaming, poster des photos sur Instagram ou tout simplement envoyer des mails.

Le marché du cloud a atteint 33 milliards de dollars au cours du troisième trimestre 2020, en hausse d’un tiers sur un an. Le secteur est dominé par le trio Amazon, Microsoft et Google.

Parfois qualifiés de « colonne vertébrale » du monde digital, les data centers représenteraient 1% de la consommation mondiale d’électricité (selon science.sciencemag.org). 

Pour un cloud européen plus durable

Face à ce constat, 25 opérateurs de cloud et près d’une vingtaine d’organisations professionnelles, ont signé jeudi dernier un pacte visant à réduire l’impact environnemental des data centers en Europe.

Les signataires ne comprennent pas tous les acteurs de place. Néanmoins, le Français OVHcloud, Google et Amazon Web Services en sont.

Cette initiative a été portée par la Commission européenne via le Climate Neutral Data Centre Pact. Cet accord s’articule autour de 5 objectifs à l’horizon 2030 :

  • Prouver l’efficacité énergétique des infrastructures avec des objectifs mesurables.
  • Recourir à une énergie 100% décarbonée (c’est-à-dire propre).
  • Faire de la conservation de l’eau une priorité.
  • Réutiliser et réparer les serveurs (économie circulaire)
  • Chercher des moyens de récupérer la chaleur émise (énergie circulaire).

Les progrès réalisés seront surveillés deux fois par an par l’exécutif européen. Aucune sanction n’est prévue si les signataires n’atteignent pas tout ou partie de ces objectifs. C’est ce qu’on appelle de l’auto-régulation.

Le Climate Neutral Data Centre Pact s’inscrit dans une plus large feuille de route, l’« European Green Deal », qui poursuit l’objectif d’une Europe climatiquement neutre d’ici 2050.

La France veut allier numérique et environnement

La France partage complètement cette philosophie.

Un colloque s’est tenu le 8 octobre dernier intitulé « Numérique & Environnement : faisons converger les transitions » auquel étaient conviés de nombreuses parties prenantes.

Pour Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique « Le numérique est une opportunité comme un défi pour la transition écologique. Opportunité grâce au télétravail ou encore à une utilisation parcimonieuse de ressources précieuses comme l’eau ou l’énergie. Mais défi également lorsqu’on estime qu’entre 2010 et 2025, l’impact environnemental du numérique pourrait tripler. Son développement doit être raisonné, maîtrisé, en agissant sur la phase de fabrication qui concentre 75% de l’impact environnemental, mais aussi sur les usages. C’est le sens de la stratégie présentée aujourd’hui : poser les bases d’un numérique durable. »

La France pourrait instaurer une éco-conditionnalité du tarif réduit de la taxe applicable par l’énergie consommé par un centre de données.

Pour profiter de cet avantage, les data centers devront adopter une politique ambitieuse en ce qui concerne leur empreinte environnementale.

Ce dispositif correspond à une proposition de la Convention citoyenne pour le climat.

Des progrès constants liés à l’efficacité énergétique

Dans un article de mai 2018, le CNRS indiquait que les ordinateurs, les data centers et les réseaux engloutissent près de 10 % de la consommation mondiale d’électricité.

Le cloud a été imaginé pour répondre à des pics de consultations, donc avec de grandes capacités, même si les pointes restent ponctuelles. Là où le bât blesse, c’est que les data centers sont contraints de se doter de climatiseurs surpuissants, qui émettent des gaz à effets de serre.

Et certaines personnes imaginent le pire en raison de nouveaux usages comme l’intelligence artificielle, la voiture autonome et les systèmes connectés. Le kWh est à la mode.

Néanmoins, il semblerait que nous ayons sous-estimé les gains liés à l’efficacité énergétique, du fait des innovations intégrées aux nouveaux systèmes. C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans Science en février dernier par des chercheurs de la Northwestern University, du Lawrence Berkeley National Laboratory et de Koomey Analytics.

Selon ce document, la très forte augmentation du trafic de données se serait accompagnée d’une hausse de 6% seulement de la consommation d’électricité des data centers au niveau mondial entre 2010 et 2018.

En effet, la puissance nécessaire pour stocker un téraoctet de données aurait entre autres été divisée par 9 durant cette période.

Des serveurs sous-marins économes en électricité

Certains opérateurs n’ont pas attendu la signature du Pacte pour tenter des expériences ou imaginer de nouveaux écosystèmes autour des centres de données. 

Lancé en juillet 2014 par Microsoft, le projet Natick visait à tester la viabilité de l’exploitation d’un data center sous-marin, avec pour principal intérêt de diviser par 10 les besoins en électricité pour refroidir cette installation.

Avec Natick, le refroidissement est assuré par l’eau froide environnante. Tandis que la chaleur émise par les serveurs est dispersée par les courants marins.

Natick a été une seconde fois remis sous l’eau en 2018 au large de l’Ecosse. Deux ans plus tard, le prototype a été ressorti pour faire des analyses.

Microsoft en a fait un premier bilan satisfaisant, en indiquant même en septembre dernier un taux de panne 8 fois moins fréquent. La sortie de l’eau du prototype a aussi permis d’observer la présence d’une fine couche d’algues et le développement d’anémones de mer.

Si cette opération est jugée concluante sur un plan environnemental, elle pourrait être dupliquée. Ce qui permettrait par exemple de ne plus occuper de vastes espaces pour ces activités sur terre.

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De plus, Microsoft rappelle que la moitié des êtres humains vivent à moins de 200 km de la mer. En plongeant les serveurs sous les océans, on pourrait réduite la latence à 2 millisecondes, contre 40 millisecondes quand le centre de données se situe à plus de 4.000 km du domicile. La latence correspond à l’intervalle entre l’envoi d’un signal et sa réception.

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Quand le Green Data à Grenoble innove

Mais, la France n’est pas en reste.

À Grenoble, installé sur une ancienne friche industrielle, le Green Data center d'Eolas a fait le pari des économies d'énergie. Il utilise l'eau sous-terraine du Drac, à 14 degrés, qui rafraîchit ses installations lorsqu’elles sont en fonctionnement. Grâce à cet artifice, ce centre de stockage utilise trois fois moins d'énergie que les autres pour maintenir ses machines à la température voulue

De plus, il n’utilise que de l'énergie verte, dont une partie est produite par ses propres panneaux solaires photovoltaïques.

De son côté, Roubaix constitue le fief du groupe OVH, où se situe l’un des plus grands datacenters d’Europe. La chaleur qui y est dégagée n’est pas rejetée dans l’atmosphère : elle est récupérée pour chauffer la crèche de l’entreprise et des bâtiments dédiés à la formation.

Espérons que toutes ces expériences feront des petits, car il est certain que nous consommons de plus en plus de données, sans en avoir vraiment conscience.

Quoi qu’il en soit, Chez Ekwateur, on espère que ce Pacte ira jusqu’au bout de ses promesses. En attendant, vous pouvez tous-tes avoir un impact sur vos données, en réduisant, par exemple, au minimum le nombre de mails stockés dans votre messagerie. Vous pouvez aussi participer à la baisse des émissions de CO₂ tout simplement en optant pour l’électricité verte ou le bois de chauffage. On vous attend 😊.

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