« L'écologie est quasi-absente de la campagne et quand on en parle, ce n'est que sous l'angle du nucléaire », déplorait Géraud Guibert, président du think tank, la fabrique écologique.
Pourtant, les candidat-e-s sont plusieurs à avoir écrit dans leurs programmes des mesures environnementales. À quelques semaines du scrutin, Ekwateur a passé en revue la position des principaux-ales candidat-e-s (déclaré-es ou non 😉).
Nous avons pris le parti de passer en revue les programmes des candidat-e-s crédité-e-s de plus de 5% des intentions de vote sur la base des données proposées par l’IFOP.
8 mars 2022
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Bien que n'ayant officialisé sa candidature que très récemment, Emmanuel Macron s’est fortement positionné sur les questions d’énergie ces derniers temps.
Le nucléaire est l’un des principaux chevaux de bataille du président sortant. Celui-ci veut "reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France" en créant de nouveaux réacteurs nucléaires. À Belfort, le 11 février dernier, il a annoncé son intention de construire six nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR 2). Il étudiera aussi la possibilité de lancer le chantier de 8 autres réacteurs d’ici 2050.
Emmanuel Macron a annoncé vouloir investir 500 millions d’euros dans le développement des énergies renouvelables. D’ici 2050, il ambitionne d’atteindre les objectifs suivants :
La rénovation énergétique est un autre pan du programme écologique d’Emmanuel Macron. Le plan de relance France Relance lui consacre un budget de 6,7 Md € pour améliorer la performance énergétique des logements et des bâtiments publics.
Pour autant, les acteurs du logement en France ne semblent pas convaincus. « De manière générale, il apparaît que le logement n'a jamais été une priorité de l'exécutif au cours de ce mandat » a fait savoir la Fondation Abbé Pierre, qui lutte contre le mal-logement.
L’écologie ne semble pas faire partie des priorités de Marine Le Pen. Le mot « écologie » n’apparaît pas une seule fois dans ses « 22 MESURES POUR 2022 ». Pour autant, elle se positionne tout de même sur les sujets énergétiques.
Notamment, la présidente du Rassemblement National souhaite « relancer la filière nucléaire, hydroélectrique et investir dans la filière hydrogène ». À ce titre, elle souhaite construire 6 EPR et ré-ouvrir la centrale de Fessenheim.
Outre son soutien à la filière nucléaire, la candidate du RN se montre franchement opposée au développement de l’éolien. Cette dernière envisage « d’arrêter les projets éoliens et démanteler progressivement les parcs existants ». Pour elle, les éoliennes dénaturent les paysages français.
Son programme ne mentionne pas l’énergie solaire. Toutefois, sur RTL, Marine Le Pen y paraissait en défaveur. « Les subventions considérables que l’on accorde à l’énergie intermittente, éolienne et photovoltaïque, c’est entre 6 et 7 milliards d’euros par an. Moi je supprime les subventions, ce qui va d’ailleurs permettre de restituer aux Français la moitié d’une taxe qu’ils payent sur leur facture d’électricité », avait-elle expliqué.
La rénovation énergétique est quasi-absente du programme du Rassemblement National. Celle-ci ne le mentionne qu’une seule fois dans son livret « M la Famille ». Elle souhaite « créer un prêt à 0% pour les jeunes familles françaises transformé en subvention pour les couples qui auront un 3e enfant » et coupler cela à des aides à la rénovation. Le détail des aides n’est pas précisé que ce soit en termes de dispositif ou de montant.
Eric Zemmour prend le contre-pied de l’écologie. « Nous n'avons pas à sacrifier les Français et l'industrie française sur l'autel de la lutte contre le réchauffement climatique », explique-t-il. Une prise de position absurde quand on sait que 864 communes sont menacées en France par la montée des eaux selon le Ministère de la Transition écologique…
Pour le candidat de la « Reconquête », seules l’indépendance et la souveraineté de la France doivent primer. Le candidat souhaite redonner une place de choix au nucléaire. Il prône la mise en service de nouveaux EPR.
Peu friand des énergies renouvelables, Éric Zemmour veut également supprimer les éoliennes du paysage français.
Pour lui, les subventions aux énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire doivent être redirigées vers les énergies thermiques comme la biomasse, la géothermie et les pompes à chaleur.
À première vue, la candidate des Républicains ne semble pas avoir de programme écologique. Sur son site internet, on ne trouve aucun volet « écologie ». Les mesures écologiques sont donc distillées dans les différentes propositions de son projet.
La Présidente de la Région Île-de-France veut lancer un « plan de relance gaullien pour l'énergie avec une remobilisation massive du nucléaire ». Pour cela, elle compte construire 6 EPR. En parallèle, elle souhaite développer les énergies renouvelables comme « des moyens de production complémentaires indispensables à notre mix énergétique ». Le 100% renouvelables n’est pas envisagé !
Valérie Pécresse s’engage dans la rénovation par le prisme du social. Pour lutter contre la précarité énergétique, elle propose « grand plan de rénovation des logements sociaux » et un renforcement des aides à la rénovation. Le programme ne détaille pas plus les objectifs qu’elle se fixe ni les moyens pour y arriver.
L’écologie est au cœur du programme de Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci porte des « mesures ambitieuses pour l’écologie » comme l’a souligné Greenpeace.
Jean-Luc Mélenchon se pose comme anti-nucléaire. Il souhaite atteindre un objectif de 100% d'énergies renouvelables en 2050. Pour cela, il veut :
En contrepartie, il veut faire doubler la part de l’éolien dans le mix énergétique et accélérer le développement du solaire.
Le candidat de la France Insoumise se positionne sur la rénovation énergétique. Celui-ci ambitionne de lancer l’isolation d’au moins 700 000 logements par an.
Si les ambitions sont là, on peut simplement déplorer qu’elles ne soient pas assorties d’un plan de financement. En effet, le candidat ne précise pas comment il entend mettre en place sa stratégie.
Candidat écologiste, Yannick Jadot est évidemment très positionné sur les questions liées au climat et à l’énergie. Selon lui, « réussir la transition énergétique pour une France autonome repose sur un triptyque : sobriété, sortie des énergies fossiles et développement des énergies renouvelables ». Comme il le rappelle, ce projet a été co-construit avec des membres de la société civile, qui ont donné une importance particulière au volet « chiffrage et budgétisation ».
Yannick Jadot veut tendre vers le 100 % d’électricité verte. Pour cela, il souhaite augmenter la production éolienne en la passant à 69 GW d’ici 2027. En parallèle, « au moins 10 réacteurs nucléaires seront arrêtés d’ici 2035. ».
En prenant l’exemple de l’EPR de Flamanville, il s’oppose à la construction de nouveaux EPR. « L’EPR c’est 17 milliards de dépassements (soit le budget de l’enseignement supérieur !), 10 ans de retard et aucune commission d’enquête pour savoir comment nous en sommes arrivés là. » rappelle-t-il.
En outre, Yannick Jadot se pose en faveur du biogaz, en se fixant un objectif de production 32 TWh à l’horizon 2030. Cette politique sera menée en cohérence avec le secteur de l’agriculture pour proposer une agroécologie.
La sobriété énergétique est un des piliers du programme de Yannick Jadot. Elle s’appuie sur la rénovation thermique. Pour cela, le candidat entend mettre en place un programme de 10 milliards d’euros par an pour réduire de moitié la consommation d’énergie des logements de l’Hexagone. Il souhaite aussi éradiquer les passoires thermiques.
Outre l’objectif écologique, le candidat y voit un moyen de réduire la précarité énergétique. Un logement mieux isolé se traduit par 700 € de gains annuels sur la facture des ménages, selon lui.
PS : Vous avez vu dans les grandes lignes une partie des positions écologiques des candidats sur l’énergie et le logement. L’écologie ne s’arrête pas à cela et il est difficile d’être exhaustif. Protection de la biodiversité, alimentation, recyclage, de nombreux autres points de vigilance doivent retenir l’attention des électeurs et électrices. Certaines ONG proposent des grilles de lecture intéressantes pour départager les programmes, comme la L214 avec une plateforme spécialisée sur la position des candidats sur la cause animale.
À nouveau PS 😉 : Nous n’avons pas attendu les élections pour nous engager en faveur des énergies renouvelables. Chez Ekwateur, on propose une offre 100% d’électricité verte et du biométhane ! Ça vous dit de participer avec nous à la transition énergétique ? 💚