Vous avez prévu un trek dans la Chartreuse cet été et ce sweat certifié coton organique de la marque Patagonia vous fait de l'œil depuis un moment. Il est beau, tout doux et surtout écolo… enfin, ça c’est ce que prétend la marque. Est-ce vraiment le cas ?
Ekwateur enfile sa tenue d’inspecteur et passe le textile bio au peigne fin. 🕵️
22 mai 2023
Lecture 4 mn
Un tissu biologique est un textile (vêtement, drap) composé de fibres d’origine végétale (coton, lin, chanvre) cultivées sans pesticides ou engrais chimiques. C'est-à-dire dans le respect des normes de l’agriculture biologique (AB) ! Par ailleurs, sa fabrication ne requiert pas l’utilisation de produits toxiques (métaux lourds), tout le contraire des matières synthétiques ou artificielles comme la viscose ou le nylon fabriquées à partir de pétrole ou de charbon, des énergies fossiles. Par ailleurs, un textile est biologique lorsqu’il est certifié et labellisé comme tel.
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Nous venons d’en citer quelques-unes plus haut. Passons-les trois principales en revue :
Et la laine bio dans tout ça ? Il s’agit d’une matière naturelle animale, alors est-ce que ça compte ? Eh bien, si ces matières sont produites de manière “traditionnelle”, c'est-à-dire sans traitement, on peut considérer que oui ! Par exemple, dans la ferme de la Micale située dans la Loire, la laine est fabriquée à l’ancienne : élevage des brebis, tissage, commercialisation. 🐑 (3)
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Prenons l’exemple de la fabrication d’un textile à base de coton bio.
Première étape : la culture du coton bio avec un exemple parlant. Dans le Gers, des producteurs cultivent du coton sans avoir recours aux insecticides, fongicides ou herbicides. Mieux encore, les précipitations annuelles suffisent à l’irrigation (4). Une prouesse technique quand on sait que 25% des pesticides chimiques dans le monde sont utilisés pour le coton standard et que l’empreinte eau moyenne pour fabriquer du coton est de 10 000 litres par kg ! (5)
Deuxième étape : la manufacture. Après avoir été récolté, le coton bio est filé, tissé, lavé, teinté, blanchi et enfin imprimé avant d’être cousu. Pour rester biologique, le textile doit respecter plusieurs critères : le blanchiment est effectué à l’eau oxygénée, et non au chlore comme c’est le cas pour le tissu conventionnel ; par ailleurs, les teintures ne contiennent pas de métaux lourds ou de substances cancérigènes comme c’est le cas pour le coton non biologique.
Dernière étape : la commercialisation, qui va de pair avec la fin de vie du tissu. Dans une logique de respect de l’environnement et de développement durable, un tissu biologique devrait être vendu sur un circuit court pour éviter une trop forte empreinte carbone liée aux transports. Par ailleurs, du recyclage ou de l’upcycling peut être envisagé afin de donner une seconde vie à cette matière.
Le meilleur moyen de vous assurer que votre sweat Patagonia est bien 100 % biologique, c’est encore de vous référer aux normes et certifications en vigueur. La plus connue (et la plus fiable) est la GOTS (Global Organic Textile Standard). Elle couvre “la transformation, la fabrication, l’emballage, l’étiquetage, le commerce et la distribution de tous les textiles fabriqués à partir de fibres naturelles organiques certifiées à au moins 70%.” (6) En deuxième label, on peut citer le OCS (Organic Content Standard) qui permet de s’assurer de la traçabilité liée à la culture du coton biologique.
Le tissu biologique est une alternative intéressante à la fabrication de tissus synthétiques, très nocifs pour l’environnement et la santé de ses producteurs et consommateurs. Toutefois, n’est-ce pas une fausse bonne idée ?
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Nous vous avons présenté des exemples de producteurs de coton bio locaux très inspirants. Toutefois, ces initiatives restent encore marginales en France. La majorité des exploitations de culture bio sont situées à l’étranger, principalement en Turquie et en Inde. Une fois récolté, le coton doit être transporté jusque chez nous. Or, le secteur des transports est le plus émetteur de gaz à effet de serre ! Un tissu biologique a donc un impact carbone non négligeable.
Le prêt-à-porter éthique ou écoresponsable à la côte. Cela signifie que de plus en plus de consommateurs vont vouloir acheter des vêtements en textile biologique. Il faudra donc répondre à cette hausse de la demande par une intensification des cultures de lin, chanvre ou coton bio. Tout l’opposé de la sobriété propre à l’écologie… Attention donc au greenwashing et aux shopping addicts !
Tout comme il existe des labels “bio” trompeurs dans l’agroalimentaire, on trouve des certifications abusives dans le textile. Avec le boom de la prise de conscience écologique des consommateurs, certaines entreprises peu scrupuleuses en profitent pour abuser les consommateurs en jouant sur les mots. Par exemple, on pourrait penser que la fibre de bambou est écologique car d’origine naturelle : en fait, un procédé chimique très polluant est utilisé pour produire ce tissu !
Cela veut-il dire pour autant qu’il faut à tout prix bannir le tissu biologique de ses placards ? 🤔 Pas forcément… Les vêtements bio restent tout de même une alternative plus durable que les habits en matière synthétique. Le plus important pour réussir sa transition écologique, c’est de réduire sa consommation, quelle qu’elle soit !
Chez Ekwateur, on s’est donné comme mission de vous aider à devenir écolo chaque jour un peu plus en décryptant le vrai du faux : le bio du supermarché est-il vraiment bon pour la planète ? Comment réduire sa pollution digitale ? Installer des panneaux solaires photovoltaïques, est-ce un écogeste ? Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir tous nos articles par mail ! ✉️