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L’écologie en France : tout savoir

L'écologie est certainement devenue une priorité des Français-es. Pour autant, l'empreinte écologique de l'hexagone reste très forte. Le terme de “combat du siècle”, introduit par l’Etat français (pour mieux faire oublier “l’affaire du siècle ?”) prend alors tout son sens tant la transformation vers une économie et une société plus verte semble se heurter à la réalité.

Où en est la législation de l’écologie en France ? Les grands discours sont-ils appliqués dans la réalité ? Les principes généraux de l’environnement sont-ils appliqués ? Partons pour un petit tour de France afin de comprendre la place de l’écologie et de la nature au pays des droits de l’Homme.


L’écologie en France, une amélioration si visible ?

Tous les quatre ans, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sort un rapport, le dernier datant de 2019.

"L’environnement en France - édition 2019", donnait une certaine perspective des transformations ayant déjà eu lieu sur le territoire. Une bonne manière de surplomber l'immense chantier que représente l'écologie en France.L’Union Européenne a bien influé dans la direction d’une prise de conscience écologique et l’a concrétisée par la mise en place de certains traités qui ont gravé dans le marbre des objectifs et des contraintes pour les pays membres.

Nous savons que lire des traités n’est pas une passion très répandue, voici donc l’essentiel de leur contenu en matière écologique.

Une diminution des émissions de polluants…encore loin des objectifs

Le rapport souligne une diminution nette des émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone. En effet, entre les années 1990 et 2017, elles ont baissé de 18%. Une excellente nouvelle de prime abord ! Et bien, si cela est positif, nous sommes encore très loin des objectifs que nous nous sommes nous-mêmes fixés.

Si le Commissariat général au développement durable affirme que l'empreinte carbone par habitant de la France reste stable et souligne cet état de fait, ce n’est pas pas si positif avec un peu de recul. Et c’est le rapport officiel qui le souligne.

Les émissions de gaz à effet de serre ramené à un-e habitant-e de la France s'élèvent en 2017 à 4,9 t/habitant, un chiffre qui montait à 7,9 t/habitant lorsque l’on incluait les émissions liées aux importations pour la France métropolitaine et les Dom-Tom. Or, pour limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2100, la France s’est engagée à émettre entre 1.6 et 2.8t/habitant.

Un objectif à saluer, même si à des années lumières de la neutralité carbone, et qui ne semble tout bonnement pas tenable aux vues des transformations réelles de la société française et de ses modes de productions et de consommation. 

Si les progrès technologiques, comme les énergies renouvelables en France, auraient pu permettre une nette diminution des émissions par habitant-e, l’augmentation de la consommation (le nombre de kilomètres parcourus par les véhicules routiers a par exemple augmenté de 42% depuis 1990) a tempéré l’impact de la technologie sur nos émissions de gaz à effet de serre.

Le même phénomène peut s’observer sur les émissions d’oxydes d’azote. Si elles ont chuté de 49% entre l’année 2000 et l’année 2017, des pics au-delà du seuil réglementaire sont enregistrés dans plusieurs villes de France chaque année. Le problème est mondial et si le ministère démontrait que la pollution aux oxydes d’azote et de particules fines était responsable de plus de 48 000 décès prématurés en France en 2014, l’OMS évalue aujourd'hui ces pertes humaines à environ 7 millions par an dans le monde. Un chiffre qui ne donne pas envie de faire un petit footing en pleine ville.

Depuis, la situation ne semble pas plus heureuse, malgré une continuité dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre comme le souligne Sarah, dans son article passionnant qui fait le point sur les émissions de gaz à effet de serre en France en 2023.

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L’eau, des avancées annoncées comme majeures

Grâce notamment à la modernisation des stations d'épurations, l'interdiction ou la réduction de polluants autrefois largement répandus comme les phosphates ou les nitrates utilisés pour l’agriculture, les rivières et plan d’eau ont une meilleure qualité en France comparée aux années 2000. Pour autant, l’analyse des eaux françaises a aussi révélé la présence de nouveaux polluants, comme des perturbateurs endocriniens. 

Et ce n’est pas tout. 

Si les eaux en surface sont moins polluées, le rapport souligne l’absence de progrès significatifs concernant les eaux souterraines. Selon le rapport gouvernemental, sur plus de 22000 forages destinés à la production d’eau potable, ce sont plus de 2400 qui étaient abandonnées à cause de la pollution de l’eau en profondeur. Selon cette donnée, plus de 10% des eaux souterraines seraient polluées à un taux bien au dessus de la limite légale pour la consommation humaine.

Toutefois, le rapport souligne que le temps nécessaire à l’observation d’un changement dans les eaux profondes est toujours plus long que pour l’eau en surface comme une rivière. Si le sol joue parfois un rôle de tampon pour empêcher la pollution de pénétrer trop en profondeur, cette étanchéité partielle enferme aussi les polluants une fois qu’ils y sont entrés. Le sol est un peu une boîte de nuit ne laissant entrer que les habitués.

Une situation climatique alarmante pour la faune et la flore

Le rapport sorti en 2019 avait un excellent témoin pour parler du réchauffement climatique avec les records de l’année 2018. En effet, l’année de la victoire des bleus à la Coupe du Monde coïncide aussi avec les 365 jours les plus chauds jamais enregistrés. 

L’augmentation des catastrophes naturelles est aussi mesurée par le rapport, avec notamment une mise en perspective de la régularité des évènements naturels très graves. Si entre 1950 et 1996 la moyenne de ces catastrophes mondiales étaient de une par an (ce qui est déjà beaucoup), elle est passée à 3.6 par an entre 1997 et 2017. Une augmentation qui semble tout droit venue des mauvais scénaristes de films relatant la fin du monde, et pourtant.

Du côté du royaume animal, le premier touché par ces catastrophes naturelles tout autant que par la pollution en général, le constat n’est pas bon. 

Sur plus de 10 000 espèces recensées sur le territoire national français, 18% sont d’ores et déjà éteintes ou menacées d’extinction. Si l’on omet les animaux qui bénéficient d’un programme de réinsertion, les populations animales d’Europe et de France ont tendance à diminuer. 

Parmi les coupables, ont peut mettre la qualités des sols en détérioration et l'artificialisation de ceux-ci sur le banc des accusés. Avec de plus en plus de constructions, les humains ne laissent tout simplement pas assez de places à leurs congénères terriens. En métropole, le rapport souligne une perte de plus de 65 000 hectares pour le règne animal et végétal entre 2006 et 2015. 

Le box des accusés doit pourtant être assez grand pour aussi contenir la pollution lumineuse et chimique cauchemar des plantes et des animaux, particulièrement les insectes, la fragmentation des milieux qui empêchent une continuités entres les écosystèmes, ou encore les espèces introduites involontairement hors de leur milieu comme les frelons asiatiques.

Du côté des forêts, c’est encore pire. Ainsi, rien que pour l’année 2016, la déforestation importée de la France représentait près d’un quart de la superficie de la métropole. 

Imaginons une seconde le quart de la France totalement rasé en une année. (Et on parle ici de progrès, nous venons donc de très loin.)

L'empreinte matière d’un-e français-e est ainsi estimée à 12.7 tonnes par an. Le rapport souligne que cette empreinte matières est en dessous de la moyenne européenne. Néanmoins, cela suffira-t-il à nous consoler ?

Paroles, les paroles, les paroles

Voilà une chanson que l’on pourrait chanter à nos gouvernements respectifs tant les objectifs annoncés semblent loin de la réalité du terrain. Pourtant, les nouveaux projets de lois et autres déclarations en faveur de l’environnement s'enchaînent dans une rythme de plus en plus effréné. 

  • La loi climat et résilience est ainsi une aide nouvelle pour accompagner les ménages dans la rénovation des bâtiments aux normes écologiques. Elle renforce aussi l’éducation à l'environnement et déclare lutter contre l'artificialisation des sols. 
  • Le gouvernement a créé un Office français de la biodiversité qui a pour rôle la sauvegarde du patrimoine naturel français. Si les moyens sont annoncés comme importants, aucune information sur le budget réel de cet office n’est accessible.
  • Le gouvernement a adopté la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, aussi appelée loi AGEC, qui fait disparaître les emballages plastique pour les fruits et légumes dans un lot de moins de 1.5kg. 
  • Le plan France 2030 annoncé par le président de la République offre une part non négligeable de son budget (près de la moitié aux questions écologiques et de transitions énergétiques).

Les limites planétaires, la France au détecteur de mensonges

Le concept de limites planétaires ,inventé  par une équipe internationale de chercheurs menée par Johan Rockström (Stockhöm Environment Institute) en 2009 , déterminent le seuil à ne pas dépasser pour préserver la nature et ne pas détériorer nos conditions de vie sur la planète. En dessous de ce seuil, la cohabitation avec les différentes espèces ainsi que la préservation de l'écosystème pour vivre dans un environnement sain et durable est garantie. Au nombre de neuf, ces limites planétaires sont connues.

  • Le changement climatique (La France est dans le rouge avec une empreinte par habitant bien trop élevée selon le rapport)
  • l’érosion de la biodiversité (La France est dans le rouge avec une “évolution préoccupante” selon le rapport.)
  • La perturbation du cycle de l'azote et de celui du phosphore, (Si la France n'est pas bonne élève, la tendance est à l'amélioration)
  • Le changement d'utilisation des sols (Mal notée à cause de la déforestation due à son industrie, la France est dans le rouge.)
  • L’acidification des océans, (là encore, la France est une mauvaise élève avec un taux assez fort d'acidification retrouvés dans les coraux, les poissons ou les huîtres.)
  • L’utilisation mondiale de l'eau, (dans le rouge, avec notamment des volumes importants pour refroidir les centrales nucléaires et une utilisation importante en été)
  • L’appauvrissement de l'ozone stratosphérique (la fameuse couche d'ozone!), (Une petite amélioration ? La france est dans le vert pour ce facteur)
  • L’augmentation des aérosols dans l'atmosphère (Là aussi, avec une diminution, la France s’en sort bien)
  • L’apparition d’entités nouvelles dans la biosphère (un manque d’informations ne permet de classe la France, elle est donc en blanc sur ce facteur dans le rapport.)

Un constat qui illustre à lui-seul la dichotomie entre les déclarations des mouvements depuis plus de 20 ans et leurs actions sur le terrain. 

Les plus critiques nomment cela une “écologie de façade”, qui semble aussi toucher l’écologie dans toute l’Europe. Une volonté affichée de changer les choses, pour des actes qui ne suivent pas ou peu l’urgence climatique, qui semble pourtant souligné par le rapport étatique de 2019. 

Le prochain rapport devrait sortir cette année. Le suspens reste donc entier quant à l'évolution de l’écologie en France ces 4 dernières années. Pour autant, tout semble indiquer que l'édition 2023 sera tout aussi sévère que celle de 2019 sur les résultats de terrains des politiques environnementales françaises.

Sources

https://www.notre-environnement.gouv.fr/donnees-et-ressources/ressources/rapport-sur-l-etat-de-l-environnement-en-france/article/rapport-l-environnement-en-france-edition-2019

https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html

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