Logo Ekwateur
centrale au charbon
centrale au charbon

La fermeture des centrales thermiques : qu’est ce que ça signifie pour la production d’énergie ?

La transition énergétique est un enjeu majeur pour notre planète. En France, cela passe notamment par la fermeture progressive des centrales thermiques au charbon, une source d'énergie particulièrement polluante. Cette décision a toutefois un impact sur notre production d'énergie, même si elle est nécessaire pour préserver notre environnement. En tant que grands défenseurs des énergies renouvelables, on a décidé de vous expliquer pourquoi ces fermetures sont une bonne nouvelle pour le pays, et en quoi elles ne présentent pas de risque de pénurie d’énergie sur le long terme.


Pourquoi faut-il fermer les centrales thermiques au charbon en France ?

La fermeture des centrales thermiques en France est le résultat de nombreux engagements pris par le gouvernement, et notamment par Emmanuel Macron qui avait annoncé la fermeture de toutes les centrales d’ici 2022 dans son programme.

Cette mesure a d’ailleurs été inscrite dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui s’étend de 2019 à 2023, et également dans la loi relative à l’énergie et au climat de 2019. Plus globalement, elle fait partie des actions qui permettront à la France d’atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050.

Alors, pourquoi dire adieu à ces monstres de pollution ? La réponse est dans la question : parce-que ces centrales représentent un désastre environnemental.

Les centrales thermiques sont très polluantes

Les centrales thermiques au charbon sont les plus grandes sources de gaz à effet de serre de la planète. En France, elles représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement estime que leur fermeture permettrait d’éviter 10 millions de tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions de 4 millions de véhicules sur un an.

D’autre part, les centrales thermiques participent à la pollution de l’air à cause des fumées qu’elles rejettent. Des gaz polluants comme le dioxyde de soufre, l'oxyde d'azote ainsi que des particules fines, sont lâchés dans la nature, or ils sont dangereux pour la santé des habitants aux alentours et l'environnement. En effet, les particules fines peuvent pénétrer dans les poumons et provoquer des maladies respiratoires.

Les centrales utilisent beaucoup d’eau pour fonctionner

Les centrales thermiques utilisent de grandes quantités d'eau pour refroidir les équipements, ce qui représente un problème majeur dans la mesure où l’eau est de plus en plus précieuse tant pour l’environnement que pour l’espèce humaine.

Les centrales thermiques ont un faible rendement

En général, les centrales thermiques sont moins efficaces que les centrales nucléaires ou celles utilisant des énergies renouvelables (centrale éolienne ou centrale solaire). En effet, les centrales thermiques produisent beaucoup de chaleur qui n’est pas réutilisée, ce qui représente donc une perte d'énergie importante.

Où en est la fermeture des centrales thermiques en France ?

Emmanuel Macron avait annoncé la fermeture des 4 centrales à charbon restantes sur le territoire pour 2022. Malheureusement, des évènements majeurs sont venus bouleverser ses plans. Le COVID, la guerre en Ukraine puis la crise sur le marché de l’énergie ont changé la donne. Voici ce qu’il en est aujourd’hui.

Centrale du Havre (Seine-Maritime)

La centrale du Havre a arrêté de fonctionner en avril 2021, selon la date qui était prévue au départ. Exploitée par EDF, elle est en cours de déconstruction afin de réhabiliter la zone pour un autre usage.

Centrale de Cordemais (Loire-Atlantique)

La centrale de Cordemais devait cesser de fonctionner courant 2022. Pourtant, face à la pénurie d’électricité qui menaçait la France, le gouvernement a pris la décision de repousser sa fermeture à 2026. Pire encore, la centrale a obtenu l’autorisation de tourner à plein régime pendant l’hiver 2022

En parallèle, face à l’impact social que sa fermeture représentait (pertes d’emploi), les syndicats se sont mobilisés pour demander une transformation de la centrale à charbon en une centrale à bois (pellets). L’idée étant également de fabriquer le combustible sur place, par la construction d’une usine sur le site. 

À force de détermination, le projet Ecocombust a finalement été adopté et les travaux de l’usine de fabrication ont débuté en 2023. Sa mise en service est prévue pour 2025 et la centrale commencera sa transformation d’ici l’hiver 2023. En attendant la finalisation de l’usine, les pellets seront acheminés depuis une usine de Reims.

Morale de cette histoire : il est préférable de considérer des plans de transformations des vieilles centrales plutôt que de les détruire. Et, ce ne sont pas les salariés de Cordemais qui vous diront le contraire !

Centrale de Saint-Avold (Moselle)

Exploitée par GazelEnergie, la centrale Émile Luchet, située à Saint-Avold, avait définitivement fermé ses portes le 31 mars 2022. C’était sans compter sur le risque de blackout à l’hiver 2022 qui a poussé le gouvernement à ordonner sa réouverture (temporaire) en novembre.

Depuis, plus de nouvelles. La ministre de la Transition énergétique avait annoncé en janvier 2023 que la centrale pourrait continuer de fonctionner au-delà de l’hiver, sans pour autant préciser de durée. Selon les dernières nouvelles, elle est toujours en marche…

Quoi qu’il arrive, GazelEnergie est déjà sur le front pour préparer la réhabilitation de la centrale thermique. L’idée est de la convertir en éco-plateforme dans laquelle les industriels pourront consommer de l’énergie verte produite localement (biomasse, photovoltaïque, hydrogène).

Centrale de Gardanne (Bouches-du-Rhône)

La centrale de Gardanne a été la deuxième à cesser son activité, à l’été 2021. Du moins, elle a cessé de produire de l’énergie à partir du charbon. En effet, elle s’est transformée en centrale biomasse grâce à un investissement de 20 millions d’euros mis en place dès 2019.

Sur le papier, tout semble parfait. Seulement, voilà : le projet est d’une telle envergure qu’il menace la biodiversité aux alentours. D’après le plan d’approvisionnement de 2011, il faudrait entre 370 000 et 580 000 tonnes de bois à la centrale pour fonctionner chaque année.

Face à cette déforestation inquiétante, plusieurs associations ont déposé un recours pour exiger une évaluation précise de l’impact écologique des activités de la centrale. Leur voix a été entendue puisque le Conseil d’Etat a estimé que GazelEnergie (exploitant du site) devrait fournir ces informations sous quelques mois.

L’avenir de la centrale biomasse de Gardanne est donc instable à l’heure actuelle !

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez une sélection d’articles sur la transition énergétique.

Comment va-t-on produire de l’énergie sans les centrales thermiques ?

Bien qu’elles soient responsables de beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre, les centrales thermiques ne pèsent que très peu dans le mix énergétique français. En effet, seulement 1,18% de la consommation d’électricité en France provenait des centrales à charbon d’après un rapport du ministère de l’Écologie en 2020.

Autrement dit, il est plutôt aisé de s’en passer ! Du moins, en dehors des périodes de forte demande (et d’offre insuffisante liée à des importations limitées), comme ce fut le cas l’hiver dernier. 

Nous l’avons vu, certaines de ces centrales ont été (ou seront) converties en centrales exploitant des énergies renouvelables. On pourra donc continuer à produire de l’énergie, cette fois-ci de façon propre.

Ensuite, les différents projets mis en place par les pouvoirs publics prévoient de multiplier les sites de production d’énergie renouvelable. Que ce soit par le biais de subventions ou d’accompagnement, le parc de production renouvelable est en pleine expansion (+85% en 2021 par rapport à 2005). La PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) a d’ailleurs fixé des objectifs ambitieux en termes de production EnR. 

Quelques exemples des objectifs fixés pour 2023 en comparaison avec les chiffres de 2021 : 

  •  +18% de biomasse 
  • +39% de biogaz
  • +28% d’éolien terrestre
  • +51% de photovoltaïque

N’oublions pas également que 40% de l’électricité consommée en France provient de l’énergie nucléaire. Bien qu’il s’agisse d’une énergie controversée, elle permet aujourd’hui de limiter les importations de la France de par la quantité d’énergie qu’elle délivre. C’est pour cette raison qu'Emmanuel Macron n’entend pas stopper le nucléaire tout de suite.

Pour finir, la France mise sur l’hydrogène, notamment l’hydrogène vert, pour verdir son parc de production à grande échelle.

En résumé, la fermeture de toutes les centrales thermiques en France n’est pas encore d’actualité. La transition de ces parcs de production est progressive et pose surtout des problèmes socio-économiques et écologiques qui doivent être étudiés. Si la bataille contre les énergies fossiles en France vous préoccupe, vous pouvez d’ores-et-déjà souscrire une offre d’électricité verte ou de biométhane. Vous contribuez ainsi à verdir le réseau en augmentant la part des énergies vertes par rapport aux énergies fossiles. 😀

Sources

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/DP_Fermeture%20des%20centrales%20a%20charbon%20d%27ici%202022%20-%20Enjeux%20et%20projets%20de%20territoire.pdf

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/reouverture-d-une-centrale-a-charbon-une-entorse-aux-nombreuses-fermetures-decidees-depuis-dix-ans-20220627 

https://www.cgt.fr/actualites/france/industrie/mobilisation/la-centrale-de-cordemais-ne-fermera-pas 

https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/centrale-a-charbon-de-saint-avold-trop-tot-pour-dire-ce-que-nous-auront-a-faire-en-2023-24-5976030 

https://gazelenergie.fr/centrale-emile-huchet-saint-avold-14 

https://reporterre.net/Victoire-l-autorisation-d-exploitation-de-la-centrale-biomasse-de-Gardanne-annulee 

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/CGDD_A6_CHIFFRES_CLES_EnR_2022_v3_010922_GB_signets.pdf

Nos derniers articles de la catégorie

Voir plus d'articles