Quel est le prix de l’électricité en Espagne ?

Au tarif réglementé, le prix du kWh d’électricité en Espagne est en moyenne de 0,142213 € au 21 mars 2024. Il évolue tous les jours en fonction des cours de marché et en fonction de l’heure de la journée, comme le montre le graphique suivant proposé par la Commission Nationale espagnole des Marchés et de la Concurrence.

Le PVPC (precio voluntario para el pequeño consumidor) correspond aux tarifs réglementés de l’électricité pour l’Espagne. Il est proposé par certains « fournisseurs de référence » agréés par le gouvernement espagnol. 

Ce PVPC concerne les particuliers dont la puissance de compteur est inférieure ou égale à 10 kVA. Il est indexé sur les marchés de gros de l’énergie et présente trois variations de prix par jour : 

La distribution des franges horaires dépend de l’endroit où vous résidez. 

Chaque soir, la REE (Red Electrica de Espana), le transporteur d’électricité ibérique, l’équivalent de RTE en France, publie le tarif PVPC pour le lendemain. Comme l’explique la REE, le prix de l’électricité est déterminé selon les prix spot sur le marché ibérique de l'électricité, à savoir les prix pour le lendemain. Depuis le 1er janvier 2024, il prend également en compte le prix de l’électricité sur les marchés à terme, calculé pour les mois et années à venir. Aujourd’hui, ce tarif concerne 30,9% des consommateurs espagnols. 

Comme en France, les consommateurs espagnols peuvent également se tourner vers les offres de marché. Le prix du kWh dépend alors de la politique tarifaire de chaque fournisseur et des conditions de l’offre choisie. Celles-ci sont indexées sur les tarifs de marché de gros ou présentent un prix du kWh fixe. Ces dernières distinguent tout de même des franges horaires à minima un « periodo valle » et un « periodo punta » qui correspond à une distinction heures pleines / heures creuses, comme en France. 

De cette manière, les consommateurs sont invités à décaler leur consommation en période creuse pour bénéficier d’un prix du kWh plus avantageux. Un moyen de soulager le réseau électrique espagnol !

Pour bien comprendre le prix de l’électricité en Espagne, il faut en connaître les composantes. Sur la facture, on distingue plusieurs lignes : 

Il s’agit là des composantes obligatoires. Le fournisseur peut aussi vous proposer des options payantes comme la mise à disposition d’un thermostat connecté, par exemple. 

Aujourd’hui, si l’on regarde les tarifs réglementés, le prix du kWh d’électricité en Espagne apparaît comme plus avantageux que le prix en France. 

Fin mars 2024, avec une moyenne de 0,142213 €, il est bien plus bas que les tarifs réglementés de vente (TRV) en France. Depuis le 1er février 2024, le tarif Bleu d’EDF est de : 

Attention, ces chiffres sont tout de même à prendre avec du recul (ou des pincettes comme vous préférez 😉) puisque les tarifs espagnols évoluent au quotidien quand les TRV français évoluent deux fois par an seulement. En France, les TRV répondent à une exigence de stabilité en lissant les évolutions ce qui permet d'éviter des hausses ou des baisses drastiques. À l’inverse, en cas d’emballement des marchés, le prix de l’électricité en Espagne pourrait bondir. 

Si cela n’est pas toujours le cas, à l’heure actuelle, le prix de l’électricité en Espagne reste bien plus bas qu’en France. Cela vaut pour le prix du kWh au tarif réglementé mais également sur les cours de marché. En effet, comme l’explique le groupe d’analyse énergétique ASE depuis le début de l’année 2024, « le prix espagnol est inférieur de 61,6 % au prix allemand (68,36 €/MWh) et de 58,7 % au prix français (63,59 €/MWh). ». Comment expliquer les différences de prix de l’électricité au niveau européen ?  

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Si l’Espagne réussit à proposer un prix bas à ses consommateurs, c’est avant tout grâce aux développements des énergies renouvelables et notamment l’énergie solaire et l’éolien. Selon la REE, la production d'électricité renouvelable représente 50,4% du mix électrique du pays, soit plus de la moitié ! 

Et, la première source d’énergie du pays reste l’éolien (23,3%), suivi par le solaire (14%). Il faut dire que le climat s’y prête bien. Entre les régions du Nord de l’Espagne, particulièrement venteuses, et le Sud de l’Espagne connu pour ses plages ensoleillées, le pays a su capitaliser sur ses atouts météorologiques. 

Or l’électricité produite par les sources d’énergies renouvelables reste plus abordable que l’électricité fossile. D’après l’Asociacion Empresarial Eolica (le regroupe des entreprises du secteur de l’énergie éolienne en Espagne) « Au cours des dix dernières années, grâce à l'énergie éolienne, le prix annuel moyen sur le marché espagnol de l'électricité a été inférieur de 5 à 31 €/MWh à celui de l'électricité produite par des centrales à combustibles fossiles. ». 

Et nos voisins ibériques ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Le gouvernement espagnol espère atteindre 74% d’énergies renouvelables dans son mix d’ici 2030. 

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Enfin, difficile de parler du prix de l’électricité en Espagne sans parler de « l’exception ibérique ». Mise en place entre 2022 et 2023, cette mesure a été autorisée par l’Union européenne pour aider l’Espagne et le Portugal à faire face à la crise de l’énergie. Elle permettait de plafonner le prix du gaz utilisé dans les centrales électriques au gaz, pour éviter que le prix de l'électricité produite par celle-ci s'envole. Pour cela le gouvernement a subventionné les centrales aux gaz en faisant payer la différence entre le prix plafond et le prix de marché du gaz par les contribuables Espagnols

D’après la Présidence du Conseil de l’Europe « Le découplage du marché de l’électricité de celui du gaz a permis à l’Espagne, selon les estimations du gouvernement, de réduire sa facture d’électricité de 15 à 20 %. » Ce mécanisme a pris fin aujourd’hui. 

Bien qu’il ait permis de contenir la hausse des prix, ce dispositif a été sujet à controverses. Dans les grandes lignes, l’exception ibérique permettait de plafonner les prix du gaz pour empêcher une trop forte augmentation de l’électricité. Mais, il n’a pas empêché les centrales à gaz de tourner pour autant. Au contraire, elles ont augmenté leur production en 2022, pour atteindre 25% du mix électrique espagnol. C’est pourquoi il a été perçu comme une subvention faite au gaz naturel, une énergie fossile, dont la combustion émet du CO2. Cette hausse de la production thermique a aussi eu un impact sur la France puisque celle-ci a importé 2 692.732 MWh d’électricité espagnole en 2022, le plafonnement des prix permettant une énergie plus compétitive. L’exception ibérique a donc subventionné de l’énergie fossile dont une partie a été consommée par des Français. En somme, rien de très écologique, malheureusement !

Pour bien comprendre pourquoi le lien entre les prix des deux énergies, on vous recommande l’article suivant : Pourquoi le prix de l’électricité et le prix du gaz sont-ils liés ? Comment le dissocier ? Vous pouvez même le lire en sirotant une sangria et en mangeant des tapas. 😉