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citerne industrielle jaune
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La méthanisation est-elle compatible avec les objectifs économiques et environnementaux ?

La méthanisation a, à première vue, tout pour plaire aux écologistes : elle permet de transformer des déchets organiques (oui, oui, même les déjections animales 🐮) en énergie afin de nous chauffer, de faire rouler nos véhicules ou encore de servir d’engrais. Alors pourquoi des voix s’élèvent-elles contre ce procédé qui semble réunir tous les attributs de la transition énergétique ? Ekwateur vous présente les critiques faites à l’encontre de la méthanisation et enquête sur sa viabilité économique et écologique !

En résumé


Au fait, qu’est-ce que la méthanisation ?

La méthanisation est une technique qui consiste à utiliser des déchets organiques d’origine animale ou végétale afin de les transformer en énergie. Ces biodéchets peuvent provenir de différentes sources : 

  • agriculture (déjections, résidus) ; 
  • industries (effluents) ; 
  • collectivités (boues d’épuration urbaines).
  • déchets ménagers (alimentaires) ; 

Les déchets renouvelables sont placés en milieu privé d’oxygène (aussi appelé milieu anaérobie) et sous 38 degrés afin de favoriser leur dégradation par les micro-organismes qui s’y développent.

Cette fermentation génère : 

  • du digestat : un résidu qui va servir d’engrais pour les sols après compostage ; 
  • du biogaz : composé principalement de méthane (CH4) et de gaz carbonique (CO₂), il sert à produire de l’électricité, de la chaleur et du biocarburant
  • d’autres types de gaz : NH3, NH2, H2S.

Les objectifs de la France pour la méthanisation

La France a de grands projets pour la méthanisation. En effet, aux côtés des autres pays de l’Union européenne, nous nous sommes fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela passe notamment par l’augmentation de la part d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique française de 40% d’ici 2030. Or, le biogaz issu de la méthanisation est un gaz renouvelable qui permet de remplacer le gaz naturel

D’après l’Ademe, en 2030, les quantités de biométhane injectées dans le réseau de gaz naturel devraient représenter 10 % de la consommation nationale de gaz, soit 40 000 GWH. (1) Un moyen pérenne de s’affranchir des énergies polluantes et de la dépendance au gaz russe. 

Et nous sommes en bonne voie pour y parvenir puisque nous sommes le premier pays européen pour la production de biomasse agricole avec +1000 unités de méthanisation au 1er janvier 2021 et 5000 prévues pour 2030.

Pourquoi la méthanisation est-elle pointée du doigt ?

Vu comme ça, la méthanisation a l’air d’être un vecteur d’énergie plein de promesses. Alors pourquoi la pilule a du mal à passer du côté de certains défenseurs de l’environnement ? 

Le problème des émissions de gaz à effet de serre

Les défenseurs de la méthanisation affirment qu’elle permet d’éviter les émissions de gaz à effet de serre. D’après l’Ademe, 1 kWh de biométhane injecté dans le réseau de gaz équivalent est égal à 200 grammes de CO₂ évités (1). En effet, le biogaz permet de remplacer le gaz naturel, une énergie fossile avec une forte empreinte carbone. Par ailleurs, le processus de méthanisation permet de capturer le méthane, un gaz produit naturellement lors de la dégradation des matières organiques (surtout les effluents d’élevage) et fortement émetteur de CO₂.

Bien qu’elle permette d’éviter les GES à certains niveaux, la méthanisation en génère à d’autres : 

  • lors du stockage des intrants et de l’épandage du digestat : émissions de protoxyde d’azote et de méthane ; 
  • lors du fonctionnement de l'unité de méthanisation : fuites de méthane par les torchères, le système d’épuration : 
  • lors du transport des intrants et du digestat : émissions de GES indirectes ; 

Toutefois, les émissions évitées dépassent les émissions induites ! Selon l’étude de Quantis pour GRDF piloté par l’Ademe en 2017, le bilan carbone de la méthanisation est évalué à 23,4 g CO₂ eq/kWh, soit cinq à dix fois moins que le gaz naturel.(2)

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Les risques industriels

C’est un argument souvent mis en avant par les militants écologistes : les accidents liés au gaz sur site. Ils peuvent prendre plusieurs formes et ont tous des conséquences sur l’environnement : 

  • fuite de méthane : ce gaz a un potentiel de réchauffement global sur un siècle 23 fois plus important que celui du CO₂
  • rejet de matières liquides ou semi-liquides : pollution des milieux naturels, dégradation des sols ou des eaux avec lesquels ils entrent en contact ; 
  • incendies et risques d’explosion.

À souligner tout de même que les risques industriels sont inhérents à toute activité et que les centrales thermiques au gaz ne sont par exemple pas exemptes de ce type d’accidents.

La concurrence avec l’agriculture

Enfin, la principale crainte liée à l’essor de la méthanisation est le remplacement des cultures alimentaires par les cultures énergétiques. En d’autres termes, les éleveurs et agriculteurs craignent que le développement de cultures dédiées à la méthanisation n’empiète sur la surface agricole utile (SAU) française (d’environ 20 millions d’hectares). 

Toutefois, pour répondre à ces inquiétudes légitimes, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 stipule que “les installations de méthanisation de déchets non dangereux ou de matières végétales brutes peuvent être approvisionnées par des cultures alimentaires dans la limite de seuils définis par décret”. Ce seuil est de 15 %. Or d’après l’Ademe, en 2020, les cultures principales dédiées à la méthanisation restent minoritaires : elles ne représentent que 3 % du total (1). La majorité des approvisionnements vient donc bien de la récupération et de la valorisation organique des déchets.

La méthanisation est-elle compatible avec les objectifs économiques et environnementaux ?

Nous venons de voir les risques de la méthanisation pour l’économie et l’environnement ainsi que les moyens mis en place pour les limiter. Seront-ils suffisants pour atteindre les objectifs ?

Une filière jeune à structurer

L’histoire de la méthanisation remonte à 1776 avec la découverte du méthane par Alessandro Volta. Toutefois, la filière a mis du temps à se développer et à se structurer en France. Elle est boostée depuis quelques années par les aides publiques comme le Fonds Chaleur ainsi que l'appétence des particuliers pour les énergies vertes. 

Cependant, nous sommes encore loin derrière nos voisins allemands qui comptent plus de 9000 unités en 2017 (3). Un gros travail de sensibilisation aux bienfaits du biogaz doit aussi être réalisé pour convaincre les Français de continuer à développer cette énergie de la transition écologique et atteindre nos objectifs de neutralité carbone.

Une implantation bien encadrée

L'installation d’un méthaniseur est soumise à de nombreuses contraintes. Tout d’abord, les porteurs de projet (agriculteurs, industriels, collectivités) doivent engager un dialogue avec les riverains afin d’en présenter les bénéfices et de les rassurer sur les risques intrinsèques. 

Par ailleurs, les critères d’implantation sont nombreux et se font en concertation avec les riverains, les élus et certaines associations : respect du cadre de vie, distance minimale réglementaire de l'installation, etc. Enfin, plusieurs autorisations sont nécessaires à l'installation d’un méthaniseur : permis de construire, enquête publique pour les volumes traités supérieurs à 100 tonnes, etc.

En somme, bien que la méthanisation n’en soit encore qu’à ses débuts, elle présente un potentiel conséquent pour la transition énergétique. Chez Ekwateur, on est convaincus de l’utilité et de la nécessité du biogaz. C’est pourquoi nous commercialisons notre propre offre de gaz vert. Pour découvrir notre point de vue sur la question, direction l’interview de Julien Tchernia, notre PDG 😉.

Sources
  1. https://librairie.ademe.fr/cadic/6475/guide-pratique-methanisation-en-10-questions.pdf 
  2. https://www.senat.fr/rap/r20-872/r20-8724.html 
  3. https://energie-fr-de.eu/fr/bioenergies/actualites/lecteur/barometre-ofate-de-biogaz-en-allemagne.html?file=files/ofaenr/01-actualites/03-barometre/02_bioenergies/180906_Barometre_Biogaz_en_Allemagne_OFATE.pdf 

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